France : L’écrivain Gilbert Gatore bientôt expulsé ?
Gilbert Gatore, écrivain d’origine rwandaise vivant en France depuis l’âge de 16 ans, vient de voir sa demande de naturalisation rejetée. N’ayant plus le statut de réfugié, il risque l’expulsion !
« Au terme d’une longue procédure, elle vient de lui signifier pour la deuxième fois en sept mois son refus de le naturaliser. Pour une vieille histoire de peu de sous. « Un comportement fiscal jusqu’à récemment sujet à critiques », dit le recommandé de la Direction de l’accueil, de l’intégration et de la citoyenneté (sic) du ministère de l’Intérieur. Traduire, un arriéré d’impôts de 3 845 euros dû à une situation financière délicate et passagère en 2010, réglé depuis rubis sur l’ongle, pénalités comprises », explique Télérama.
Gilbert Gatore est arrivé en France à l’âge de 16 ans, en 1997. Il fuyait, avec ses parents, le génocide au Rwanda. Il a décroché, dix-huit mois plus tard, un bac L mention bien et est entré à Sciences Po Lille, puis HEC.
Son premier roman, Le Passé devant soi (Editions Phébus) a remporté le prix Ouest France-Etonnants Voyageurs au festival de Saint-Malo.
L’écrivain a attendu un certain temps avant de demander la nationalité française. Puis en 2010, il se décide. « J’avais passé plus de temps en France qu’au Rwanda », confiait-il alors, selon Télérama.
Récemment encore, il écrivait sur le site de Télérama : « Les étrangers sont des individus ni plus, ni moins vertueux que les Français mais souvent portés par l’amour du pays qui les accueille, un amour d’autant plus vif, qu’ils l’ont choisi ».
Alors qu’il vivait depuis dix ans sous le statut de réfugié politique, Gilbert Gatore est sans papiers depuis décembre 2011.
Quand il analysait les présidentielles françaises dans les colonnes de Télérama, il attendait encore « l’aboutissement d’une demande de nationalité engagée il y a deux ans ».
Si rien n’est fait dans les prochains jours, il risque de perdre son emploi, de devenir expulsable. Alors même s’il a bien trop de pudeur pour le penser et encore plus pour le dire, on va le faire à sa place : si l’administration refuse la naturalisation à un homme qui, à tous points de vue constitue ce « modèle d’intégration à la française » dont les politiques nous rebattent les oreilles dans leur discours, alors quel étranger peut aujourd’hui prétendre à être naturalisé français ?
Olivier Milot - Télérama