Théo Blaise KOUNKOU : « Mwana Djambala »

Yves Makodia - 9/01/2011
Image:Théo Blaise KOUNKOU : « Mwana Djambala »

« le gardien édenique » de la musique Congolaise
L’écho d’amour unissant

Théo Blaise KOUNKOU : « Mwana Djambala »ou l’écho d’amour unissant

Théo Blaise KOUNKOU (TBK) n’est-il pas « le gardien EDENIQUE » de la musique Congolaise voire africaine ?

Quoique l’on dise, il est sans doute l’un des rares artistes-musiciens ayant transporté outre atlantique et ce, avec fierté, la musique congolaise.

Son entrée fut fracassante chez « Les Grands As »,- l’orchestre de ses débuts- en lançant son premier tube fétiche dénommé « Amen Ledy ». Il dédit cette merveilleuse chanson à son amour de lycée. Un cœur de jeunesse. Longtemps sur les antennes du Radio Congo, l’artiste né devient la coqueluche du moment.

Au milieu des années 80, il sort contre toute attente un bijou musical : « Mwana Djambala ». Une chanson hors pair qui va chambouler le monde musical. Une originale mélodie qui va accélérer sa carrière. Avec cette chanson TBK devient le musicien de l’unité et de la paix.

Nos frères de Djambala singulièrement les BATEKES sont propulsés sur le devant de la scène nationale. C’est la reconnaissance de la puissance et de la splendeur de notre célèbre royaume TEKE qui est soudain portée haut par l’écho unissant de cet sublime chanson d’amour.

Mais cet étonnant musicien Congolais a une autre facette musicale. Un auteur qui écrit et chante en français. Cette nouvelle casquette va faire de lui l’un des premiers chanteurs Congolais à composer des chansons en langue de Molière.

Des véritables poèmes d’amour qui font de lui le « Rimbaud » Congolais. Avec sa musique qui s’exporte, il va sillonner les quatre coins du continent et va s’installer plus tard en terre française.

Actuellement, ce chanteur de charme fait les beaux jours dans « Kekele » avec ses frères musiciens de chemin tels que : Nyboma, Bumba Massa, Ringo Star, Locko Massengo, etc.

Une chanson d’amour et d’unité

En signant cette magnifique chanson, cet artiste d’originaire du sud vient sceller encore davantage ce lien social, fraternel et commercial d’autrefois. Un pacte d’amour qui subsistait dans l’ère des royaumes du passé.

A l’image d’un pacifiste convaincu, l’auteur établit le pont entre le nord, le centre et le sud en donnant à la nation congolaise rassemblée l’image d’un paysage familier uni. Où resplendissent les valeurs d’une patrie commune.

C’est cette figure que la belle chanson à apporter au-delà de la richesse de la mélodie et du rythme endiablé.

Qui coupait littéralement le souffle les fieffés danseurs exhibant avec une folie totale d’amour la dance originale, traditionnelle de nos frères TEKES. Mais aussi et surtout, c’est la grande exaltation de la beauté de la « femme BATEKE », que ce musicien amoureux a amplement dévoilé par le biais de ce tube monumental et historique.

C’est toutes ses villes phares -Mbé, Ngabé, Galliéma, Odimba, Ngouabé, etc- où résident nos charmantes « Galifourou » engendrée par ce grand royaume qui seront à la Une à travers cette magnifique chanson.

Très vite ce morceau fabuleux d’inspiration ancestrale est chantonné dans les rues, les lieux publics voire les stades ou l’occasion créant la richesse, les mélomanes reprenait ce refrain envoutant. Mais cette chanson originale sera l’hymne des retraits de deuil du Nord comme au Sud.

Lors de kermesses organisées, lors des funérailles et moments de recueillement, cette mélopée fut entonnée par les irréductibles adorateurs qui transformèrent cette dernière en un message d’amour envers les ancêtres. Une forme d’incantation ou d’invocation aux aïeux pour venir apporter leur amour, leur soutien d’aide et de protection.

Ainsi en exaltant ce peuple célèbre par l’histoire glorieuse du roi MAKOKO et de Pierre Savorgnon de Brazza, le symbolique de ce cri intérieur d’amour de l’artiste transformé en chant redonnait au royaume ancien le prestige et le rayonnement ancien.

Un retour au passé pour faire asseoir l’autre partie de notre histoire au présent où elle semblait perdre sa beauté et sa lumière éclatante. En somme, un grand et bel hommage du royaume Téké que rend éternellement TBK, ce fils adoptif, à sa famille. Qui ne cesse de manifester à son égard leur amour illimité.

En revisitant, ce hier, à la lumière d’un florilège des belles paroles envoutantes, enivrantes, entrainantes dans un infini monde des mystères d’une tribu unificatrice, TBK a non seulement réveillé nos consciences engourdies mais éveillé nos consciences aussi. Pour faire de la musique l’unique moyen qui adoucie les mœurs.

Car l’amour seul uni les âmes et cimente liens séculaires entre régions lointaines.

Avec le lien du mariage le sang des ethnies se mêle et forme qu’un dans cette union d’amour interethnique. Et de la nation cet arc-en-ciel où les couleurs miroitantes éclairent le peuple et renforce davantage les vertus d’échange, de convivialité, de solidarité, d’harmonie et d’équilibre. Ces valeurs autrefois qui prévalaient, dominaient dans l’empire Kongo. Et bien au-delà des autres royaumes puissants qui façonnait l’unique Congo.

D’autres morceaux connus

Mais cet artiste dans son inspiration ancestrale ne s’est pas arrêté à cette création musicale profonde. Car au seuil des années 80, sa musique atteint le zénith de la popularité et de la gloire. Un succès éclatant rendu propice par le lancement sur la scène nationale d’un autre tube magistral.

« Bibelo ou kanda na kanda ». Un retour aux sources des lieux ou clans d’antan disparus. Une litanie sacrée de la vie traditionnelle dans la région du Pool. Dans le lointain des « Mbongui » de ses villages jaillissants de l’époque.

Il replonge le monde musical dans un univers des coutumes et traditions du Sud. Un voyage dans les temps anciens où la tradition Kongo florissante donnait à la nation une coloration de bonheur et de prospérité.

Une richesse culturelle qui célèbre l’entente, l’échange, la beauté, l’unité, l’amour, la solidarité, la fraternité….tous ces principes essentiels qui jalonnaient l’histoire de ce peuple authentique, exceptionnel.

De plus, sur le fond de folklore Mbochi, il a composé une merveilleuse chanson intitulée Nyelenga. Un autre cri du cœur qui montre ô combien TBK est le véritable chantre de l’amour et de la cohésion nationale. Artiste sans frontières et sans barrières ethniques.

Un artiste atypique qui chante joyeux en parcourant, en explorant l’art musical de toutes les tribus pour le triomphe de la culture et la sauvegarde du patrimoine national.

Le chanteur installé en France va faire un feed-back ou un saut dans le passé des royaumes nationaux en leur habillant le costume de la beauté et de la richesse. Avec cette musique au mélange des racines locales diverses et au rythme venu d’ailleurs TBK devient le porte étendard de la musique Congolaise qui s’exporte, se vend et s’arrache aussi dans le marché continental voire international.

En rencontrant des multiples talents dans l’hexagone, il a fait avec la musique ancestrale une dose de synthèse excellente qui a donné une impulsion nouvelle à la musique Congolaise.

Les critiques ne tarissent pas d’éloges pour cet artiste propulsé dans ce vaste monde de la rumba à l’afro-zouk en passant par la musique mandingue, le mbaqanga Zoulou, le reggae, le merengue, le MBALAX ou le folklore et le Soukouss congolais…une pluralité de genre musicaux que l’auteur concocte magiquement dans ses morceaux choisis de grande qualité. Parmi eux on peut citer : Belle Amicha, Nzila ya ndolo, Mouni, Lina essie, Bibelo, Pepe Jolie, Kidiba, Liteya choc, Zenaba, Mbana, Celia, Ça c’est la vie, Sabina, Dovi na gai, Nadia soleil, Chérie A moi, Freedon Spirit, etc.

Mais l’auteur atteint le summum de la gloire avec « Eden »….une chanson écrite en langue française…c’est l’amorce d’un tournant musical remarquable. Qui vient illustrer ce talent indéniable musical, mais aussi sa grande culture, ses connaissances bibliques appréciables. Un érudit dans les nombreux domaines. Une dimension de l’art musical à la croisée des chemins musicaux avec une forte dominance des phrasiers d’essence poétique. Un roman d’amour aux accents lyriques qui charme les mélomanes. De l’intérieur vers l’extérieur, TBK en changeant de registre atteint l’apogée en se hissant au hit parade africain d’antan.

Une consécration finale d’un auteur-compositeur et interprète sorti à peine du tréfonds de l’océan musical Congolais.

Le séjour régulier et permanent en terre française fait de ce tenant de la musique multiple un rayonnement incontesté pour le patrimoine congolais enrichi et exporté. Une référence de valeur pour la famille musicale Congolaise sur l’échiquier du marché international. En réunissant ce savoureux mariage des genres musicaux d’horizon divers, le musicien créateur a fait de la musique du pays une écriture, un son, un rythme et une voix qui communiquent, qui partagent et donnent.

Avec cet artiste prolifique, talentueux et chevronné une belle page de notre musique a été écrite et restera à jamais vivante dans l’autel de nos cœurs. Ce visage d’unité et d’amour qu’il a insufflé ces dernières années et qu’il continue de nous faire montre…. et transmettre le message par d’autres créations. Que l’on écoute et danse sans fin. Dans un tournoiement joyeux… et teinté des souvenirs inoubliables.

Yves Mâkodia Mantseka

Yves Mâkodia Mantseka

 9/01/2011

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