TOGO : des dirigeants de l’opposition arrêtés

« Les deux principaux dirigeants du MPA (mouvement pour le changement et l’alternance) ont été arrêtés à quatre heures du matin (dimanche) par des hommes armés et emmenés vers une destination inconnue », a déclaré Eric Dupuy, un responsable de l’UFC, le parti de l’opposant Jean-Pierre Fabre. Le commandant de la Force spéciale élection présidentielle [Fosep], le colonel Yark Damehane, a confirmé les deux arrestations, survenues selon lui dans la journée de samedi.

« des militants du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT, parti au pouvoir), intimident et pourchassent des militants de l’UFC »

Le MPA est un petit mouvement de jeunes proche de l’UFC, qui a lancé le slogan « l’alternance ou la mort » pendant la campagne présidentielle. Eric Dupuy a également affirmé que des militants du Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir), « intimident et pourchassent des militants de l’UFC à Kabou [1] près de Bassar (nord) ».

L’arrestation des deux responsables du MPA porte ainsi à une douzaine le nombre de personnes interpellées depuis samedi. Parmi eux figurent deux proches du candidat de l’opposition Messan Agbéyomé Kodjo, ex-premier ministre togolais, arrêtés samedi à Lomé avec huit autres personnes. « Ils distribuaient des tracts, des documents qui appellent au soulèvement populaire », a affirmé le colonel Yark, commandant de la Fosep.

Les réactions internationales : l’élection vue de la France

Comme le rappelle Reporters Sans Frontières, les rédactions de Radio France, RFI, RTL et La Croix ont été empêchées par le gouvernement togolais de couvrir l’élection présidentielle...

Jean-Pierre Fabre (candidat de l’opposition) « conteste absolument les chiffres publiés », « la procédure utilisée par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) », étant jugée par lui « illégale ». Il a déclaré vouloir que « des résultats véritables soient publiés », estimant « avoir obtenu entre 55 et 60% des voix sur tout le territoire national ». Les médias officiels togolais, s’appuyant sur les résultats transmis par la Commission électorale nationale indépendante [CENI], affirment quant à eux la victoire du fils du dictateur ayant régné 38 ans sur le Togo.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon « a exhorté les Togolais à faire preuve de calme et de retenue », appelant donc le peuple togolais à la résignation devant ce qui ressemble de plus en plus à un nouvel « hold-up électoral ».

Les médias internationaux résument la situation post-électorale togolaise à un affrontement de personnes, les deux candidats ayant récolté le plus de voix lors de cette élection étant n’arrivant pas à s’entendre sur le résultat final : si certains rappellent que « cette élection est contestée », rares sont ceux qui signalent les manquements constatés dans un rapport partiel – pourtant très complaisant - diffusé dès samedi sur le site d’information MO5 Togo : « la Mission d’observation électorale de l’Union Européenne (MOE) dépêchée au Togo depuis 19 janvier a épinglé le gouvernement togolais, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication (HAAC) ».

Alors que le site de la Mission d’observation électorale de l’Union Européenne est désespérément muet, vous trouverez ci-dessous le rapport partiel diffusé par cette dernière :

Rapport UE - Togo Elections