Appel et colloque de la Licra sur le génocide contre les Tutsi

Bruno Gouteux - 19/06/2014
Image:Appel et colloque de la Licra sur le génocide contre les Tutsi

samedi 21 juin 2014 de 9h à 18h
Maison Heinrich Heine - Paris

« Vingt ans après le génocide les Français n’en ont certainement pas encore pris la mesure »
— Alain David, membre du Bureau exécutif de la Licra.

La Licra s’est mobilisée pour l’organisation d’un grand colloque, « Le génocide subi par les Tutsi : les fantasmes, les faits ».

Il aura lieu ce 21 juin, à Paris, à la Maison Heinrich Heine.

En 2012, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme [Licra] avait décidé de se porter partie civile dans l’affaire des 10 militaires français poursuivis dans le cadre du génocide au Rwanda.

En 2014, elle lance un Appel aux Intellectuels pour qu’ils « élèvent la voix » et exigent que soit établie « la réalité des faits » concernant l’engagement français dans le génocide des Tutsi :

La commémoration, le 6 avril dernier, des vingt ans du génocide a été l’occasion d’un inacceptable psychodrame. Dénouer ce psychodrame suppose que soit recueillie, contre les fantasmes, la réalité des faits (ce dont tout le monde convient).

En réunissant ce 21 juin un nombre significatif de chercheurs, la Licra propose donc d’en appeler à l’autorité d’Intellectuels (au sens très noble que ce mot a pris en France depuis l’Affaire Dreyfus) c’est-à-dire à l’autorité de ceux qui, préoccupés de faits et de culture, s’éprouvent garants de la vérité, élevant la voix lorsque la cause l’exige.

Nous pensons que la cause du million d’assassinés mérite aujourd’hui qu’on élève la voix.


Le colloque

Le 21 juin 2014, de 8h à 18 h
à la Maison Heinrich Heine
27 C, Boulevard Jourdan F – 75014 Paris
Métro : Cité Universitaire (RER B)
Renseignements au 01 45 08 08 08

Programme du colloque

9h00 : Accueil

9h15 : Ouverture par Gérard Unger

9h30 : Première table ronde : La souffrance

Avec Annie Faure, Marcel Kabanda, David Servenay
Modératrice : Véronique Nahoum-Grappe - Débat

10h30 : Deuxième table ronde : La recherche et les faits

Avec Raphaël Doridant, Charlotte Lacoste, Rémi Korman, Léon Saur
Modérateur : Frédéric Encel - Débat

11h45 : Troisième table ronde : La place du droit

Avec David Reingewirtz, Rafaëlle Maison, Géraud de la Pradelle
Modératrice : Alexandra Haziza - Débat

12h45 : Pause déjeuner

14h15 : Quatrième table ronde : La négation

Avec Jean-François Dupaquier, François Robinet, Patrick de Saint-Exupéry
Modérateur : Baudoin Eschapasse - Débat

15h15 : Cinquième table ronde : L’énonciation du génocide, l’hypothèse des œuvres

Avec Virginie Brinker, Catherine Coquio, Eric Hoppenot
Modérateur : Alain David - Débat

16h15 : Pause café

16h30 : Sixième table ronde : Vivre après

Avec Jean-Loup Denblyden, Madeleine Mukamabano (sous réserve), Alain Gauthier, Colette Braeckman
Modérateur : Gérard Unger - Débat

17h45 : Débat général et conclusion par Alain Jakubowicz
Pour une ouverture de toutes les archives


« La Licra ne découvre certes pas aujourd’hui les questions soulevées par le génocide des Tutsi au Rwanda, elle s’est engagée sur cette question au moins depuis la commémoration de 2004. Sans rappeler l’histoire de notre engagement, pointons les questions nouvelles par rapport auxquelles nous avons à réfléchir et à statuer. Ces questions sont juridiques, elles concernent aussi l’établissement des faits et la lutte contre le négationnisme, elles concernent, d’une façon générale, la question de ce qu’est un génocide dans le monde actuel. » — Alain David, membre du Bureau exécutif de la Licra (2012)

La Licra a donc, au moins depuis 2004, pris conscience de l’importance des questions soulevées, en France, par le génocide des Tutsi au Rwanda. Alain David rappelle qu’« il est troublant de constater que la haine des Tutsi, de certains génocidaires hutu, de certains militaires, de certains journalistes, est traversée par une réelle et explicite composante antisémite », engageant son association à « contribuer à inventer des mots plus justes pour aborder les nouvelles questions du racisme et de l’antisémitisme » qui en découlent.

C’est l’un des objectifs de ce colloque organisé par la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, « contre les fantasmes » et pour « la réalité des faits », pour la vérité et la justice.

L’« appel à l’autorité d’Intellectuels », « c’est-à-dire à l’autorité de ceux qui, préoccupés de faits et de culture, s’éprouvent garants de la vérité, élevant la voix lorsque la cause l’exige », lancé par la Licra et ayant donné lieu à l’organisation de ce colloque, est, vingt ans après les faits, d’une nécessité absolue en France.

Un débat général « pour une ouverture de toutes les archives », animé par Alain Jakubowicz, clôturera ce colloque.

« Que l’accès à tous les documents concernant le génocide soit rendu possible » demandait la Licra, lors de sa dernière Convention, en avril 2014 (motion votée à l’unanimité - 48ème Convention de la Licra [à lire en bas de page]).

C’est une exigence que devraient appuyer tous les Intellectuels français [1] alors que les déclarations de Bernard Kouchner et d’Hubert Védrine [2], comme de nombreux documents et témoignages, rappellent que l’état français a livré des armes aux génocidaires rwandais pendant qu’ils accomplissaient le génocide – et même après.

Un appel en ce sens a été lancé par l’association Survie [3], sous la forme d’une « Lettre ouverte », adressée aux députés et sénateurs français.

Une pétition « Génocide des Tutsi au Rwanda : levons le secret défense sur le rôle de la France » est également en ligne. [4]

Les citoyens français doivent être particulièrement vigilants à la suite qui sera donnée, par les intellectuels et par les politiques français, à ces deux appels.

Elle donnera la pleine mesure de l’état de notre démocratie.

Plus d’informations sur le site de la Licra

www.licra.org | A propos du Rwanda

La Licra demande la déclassification de tous les documents et l’ouverture de toutes les archives concernant le génocide des Tutsi au Rwanda
La Licra a décidé de se porter civile dans l’affaire des 10 militaires poursuivis dans le cadre du génocide au Rwanda
La Licra soutient la pétition « Pour un lieu commémoratif du génocide des Tutsi au Rwanda à Paris »


Motion, votée à l’unanimité à la Convention de Genève de la Licra

La Licra, rassemblée à Genève les 26 et 27 avril 2014 pour sa Convention, déclare s’associer sans réserve à la commémoration du 20ème anniversaire du génocide subi par les Tutsi.

Elle exprime à cette occasion, en même temps que l’infinie compassion due aux victimes, sa solidarité pleine et entière avec le peuple rwandais.

Elle souhaite, afin que le travail de mémoire puisse s’accomplir complètement et en toute liberté, que l’accès à tous les documents concernant le génocide soit rendu possible et demande en conséquence leur éventuelle déclassification et l’ouverture de toutes les archives.


Ce que demande l’association Survie aux élus français

www.survie.org | Le dossier de l’association Survie sur le Rwanda

"Il appartient au Parlement de demander des comptes au pouvoir exécutif sur la politique menée au Rwanda. Il est aujourd’hui évident que le travail important conduit en 1998 par la Mission d’information parlementaire présidée par Paul Quilès n’a pas permis d’éclairer la question des livraisons d’armes pendant le génocide – ce qui sous-entend que l’exécutif a menti aux députés en leur cachant ces livraisons.

N’en va-t-il pas de même pour d’autres aspects de l’action de la France au Rwanda pendant le génocide ?

Entre autres :
• Pourquoi le Gouvernement intérimaire rwandais s’est-il constitué pour partie à l’ambassade de France les 8 et 9 avril 1994 et quel rôle l’ambassadeur Jean-Michel Marlaud a-t-il joué dans sa formation ?
• Pourquoi l’opération Amaryllis, n’a-t-elle pas eu pour objectif de stopper les massacres des Tutsi dans les premiers jours du génocide ?
• Pourquoi des liens politiques, diplomatiques et militaires étroits ont-ils été maintenus avec le Gouvernement intérimaire rwandais et les FAR pendant le génocide ?
• Quels étaient les objectifs de l’opération Turquoise en dehors de ceux affichés officiellement ?
• Nos soldats ont-ils évacué le Gouvernement intérimaire rwandais vers le Zaïre ?"

La responsabilité qui vous incombe en tant qu’élu-e est de contribuer à établir la vérité sur cette politique. Pour cela, nous vous demandons de faire en sorte :

• que soit communiqué aux magistrats du pôle anti-terroriste et du pôle « génocide et crimes contre l’humanité » du tribunal de grande instance de Paris l’ensemble des archives concernant les dossiers qu’ils instruisent (attentat du 6 avril 1994, plaintes contre des militaires de l’opération Turquoise, rôle de Paul Barril pendant le génocide) ;
• qu’une commission d’enquête parlementaire soit créée pour faire toute la lumière sur les livraisons d’armes aux Forces Armées Rwandaises dans lesquelles notre pays est impliqué, avant, pendant et après le génocide ;
• que cette commission exige la déclassification de tous les documents liés à ces livraisons et qu’elle tienne toutes ses auditions publiquement.

Bruno Gouteux est journaliste et éditeur —Izuba éditions, Izuba information, La Nuit rwandaise, L’Agence d’Information (AI), Guerre Moderne, Globales…—, consultant —Inter-Culturel Ltd— et dirige une société de création de sites Internet et de contenus —Suwedi Ltd.

Il est engagé dans plusieurs projets associatifs en France et au Rwanda : Appui Rwanda, Distrilibre, Initiatives et Solutions interculturelles (ISI), le groupe Permaculture Rwanda, Mediarezo

 19/06/2014

[1« Intellectuel », dans le sens « que ce mot a pris en France depuis l’Affaire Dreyfus », comme le rappelle la Licra

[3Lettre ouverte de l’association Survie, mentionnée ci-dessus

[4Pétition à l’initiative de Suvie, la Licra, la FIDH, Le CPCR et la LDH, à signer à ici

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20/03/2013

Événements passés 

samedi  21 juin 2014