Colonisation & « décolonisation » de l’Afrique

Safari - 11/09/2007
Image:Colonisation & « décolonisation » de l'Afrique

Le partage de l’Afrique Noire : luttes et résistances des peuples africains
De l’exploitation coloniale (et ses justifications racistes) au néo-colonialisme

Bref rappel des faits :

La France et les autres puissances européennes se sont partagé l’Afrique : C’est ce que l’on appelle la colonisation.

Ce partage, la colonisation à proprement parlé, a commencé au début du XIXe siècle par une longue rivalité franco-britannique mais a également vu intervenir la Belgique à partir de 1879, l’Allemagne de Bismarck en 1884, mais aussi le Portugal, l’Italie qui avaient déjà de nombreux comptoirs...

En effet avant de se partager l’Afrique, les puissances européennes avaient établies sur ses côtes des comptoirs pour y développer le commerce : M’Bokolo nous rappelle que c’est le commerce des hommes qui mobilisa en Afrique toute l’énergie des Européens, avec en marge d’autres très faibles exportations de marchandises non humaines (or, ivoire, bois précieux,...).

Devant les actes de plus en plus nombreux de révolte, devant la résistance toujours plus forte des esclaves, le sous-secrétaire d’État au colonies française, Victor Schoelcher, signait le 27 Avril 1848 le décret de l’émancipation des esclaves.

Comme nous le rappelle justement Yves Benot , la colonisation, en plus d’avoir été une terrible blessure pour les peuples victimes (y compris psychologiquement* ) a profondément marqué la vision des peuples dominants.

De l’esclavage au travail forcé :

Après l’horreur de la traite, l’Occident se pose maintenant en modèle, l’impérialisme et le colonialisme se parant de valeurs humanitaristes, avançant comme nouvelle justification un prétendu devoir des « civilisations supérieures » et des « races supérieures » à aider les africains à suivre les traces du « progrès » et de « la civilisation » pour les sortir de la sauvagerie et de l’arriération.

Il faut quant même se souvenir que la traite des noirs déplaça entre onze et vingt millions d’esclaves de l’autre côté de l’Atlantique. Avant de la coloniser l’Occident à véritablement saigné l’Afrique de sa population. L’exploitation des mines et des plantations sur le continent américain (or, argent, sucre, cacao, coton, tabac, café,...) exigeant sans cesse plus de bras, un véritable système de licence fut mis sur pieds à partir de 1513 (institué par les Espagnols) pour assurer aux Amériques un approvisionnement suffisant en « bois d’ébène », en esclaves africains.

Elikia M’Bokolo rappelle que sa seule justification était le racisme , entretenu par les spectacles que constituèrent les zoos humains et dont l’apogée fut sans aucun doute la grande Exposition coloniale internationale de 1931.

Rationalisation du système : On va maintenant les faire travailler sur place...

Plus tard, dans les colonies, le travail obligatoire est instauré : Les indigènes, qui faisaient partie de l’Empire sans en être des citoyens, devaient travailler pour sa grandeur. Chicotte, ségrégation, déplacement de population... C’est la réalité du traitement infligé aux africains par les colons et les nations qui se prétendent civilisatrices. C’est donc encore le racisme qui vient justifier la colonisation.

L’abolition du travail forcé, que l’on doit à Senghor et Houphouët-Boigny, ne date que de 1946. Il y a un peu plus de 50 ans. A peine...

La plupart des états africains accèdent à l’indépendance dans les années 60.

Bibliographie sommaire :

- Henri Brunschwig, Le partage de l’Afrique Noire, Flammarion, 1971.

- Yves Benot, Massacres coloniaux, 1944-1950 : la IVe République et la mise au pas des colonies françaises, La Découverte, Paris, 1994.

- *Comme le rappelle cette consigne donnée aux agents coloniaux, rapportée par Philémon Munkendi : « Il faut que les gens de couleur croient que l’infériorité de leur situation est due essentiellement à la couleur de leur peau. Vous devez tout mettre en œuvre pour les en persuader » in « Racisme, négritude et dialogue interculturel », Migration et société, volume 9, n°49, janvier-fevrier 1997.

- M’Bokolo, La dimension africaine de la traite des noirs, in Manière de voir, numéro 58, Juillet-Août 2001.

Les Décolonisations

Brefs rappels :

L’effondrement des empires coloniaux à été l’un des évènements marquants de la seconde moitié du XXe siècle. De l’Algérie (à Sétif en 1945) à Madagascar (en 1947, la répression aurait fait jusqu’à 80 000 morts) en passant par le Cameroun, la France a toujours répondu par la répression brutale aux désirs d’indépendance des peuples africains.

Cependant si la plupart des pays africains ont théoriquement accédé à l’indépendance au début des années soixante, certains n’hésitent pas à parler de néo-colonialisme pour qualifier les rapports qu’ils entretiennent avec l’hexagone : Ne parle-t-on pas encore du pré-carré de la France ?

Cette Histoire qui lie la France au continent africain va avoir une importance considérable dans la production imaginaire des populations des pays en question. Ainsi Jean-Robert Henry nous rappelle que dans le cas de ces stéréotypes « ethniques », la vision actuelle des rapports nord-sud reste très dépendante de l’héritage colonial et de ses prolongements, à un degré qu’il est selon lui difficile d’évaluer.

On peut donc s’interroger sur la réalité de la décolonisation en Afrique.

François-Xavier Verschave, président de l’association Survie et auteur de Noir silence (Les Arènes, 2000), en s’exprimant sur le rôle joué par la France dans la crise en Côte d’Ivoire nous rappelle la réalité « des indépendances africaines » en revenant sur la mise ne place du fameux « modèle ivoirien », un modèle néocolonial construit autour d’Houphouët-Boigny, qui a été pendant toute sa carrière entouré de coopérants français quasi-exclusivement et dont le revers a été l’installation d’un mécanisme de pillage d’une grande partie des ressources de la Côte d’Ivoire et le doublement de la dette.

Si Versahave parle ici du modèle néo-colonial ivoirien, mis en place par la métropole autour de feu Houphouet-Boigny, on peut étendre cette analyse à l’ensemble des pays africains faisant partie du pré-carré français, dont bien sûr le Gabon, le Cameroun, le Tchad, etc...

Pour une analyse de cette réalité néo-coloniale mise en place par De Gaule et Foccart (avec la création de la cellule africaine de l’Élysée) au moment des indépendances, je vous renvois vers les Dossiers Noirs de l’association Survie ainsi que vers les nombreuses publications de cette association.

Bibliographie sommaire :

- Calendrier des crimes de la France Outre-mer, Jacques Morel, l’Esprit Frappeur, 2001.

- Les Dossiers Noirs de la politique africaine de la France, publiés par Survie et Agir ici, L’Harmattan puis Agone. [Nombreux dossiers thématiques]

- Rapports annuels de l’Observatoire permanent de la Coopération française (OPCF), Desclée de Brouwer.

Et donc bien sûr :

Association Survie


Fiche réalisée à partir des documents de l’association Survie en 2001.

A lire :

- Henri Brunschwig, Le partage de l’Afrique Noire, Flammarion, 1971.

- M’Bokolo, La dimension africaine de la traite des noirs, in Manière de voir, numéro 58, Juillet-Août 2001.

- Yves Benot, Massacres coloniaux, 1944-1950 : la IVe République et la mise au pas des colonies françaises, La Découverte, Paris, 1994.

- Calendrier des crimes de la France Outre-mer, Jacques Morel, l’Esprit Frappeur, 2001.

- Les Dossiers Noirs de la politique africaine de la France, publiés par Survie et Agir ici, L’Harmattan puis Agone. [nombreux dossiers thématiques]

- Rapports annuels de l’Observatoire permanent de la Coopération française (OPCF), Desclée de Brouwer.

Et bien sûr le site de l’association Survie

Safari collabore au site d’information Medialternative et au collectif libertaire Ad Nauseam.

« Nous n’avons rien appris, nous ne savons rien, nous ne comprenons rien, nous ne vendons rien, nous n’aidons en rien, nous ne trahissons rien, et nous n’oublierons pas. »

 11/09/2007

 Vos commentaires

Articles référencés 

Taxis contre Uber : affrontement à Bogota – 16 avril 2024
18/04/2024
Procession religieuse : affrontements à Murshidabad (West Bengal) 17 avril 2024
18/04/2024
Affrontements communautaires à Brahmanbaria – 16 avril 2024
18/04/2024