Les « afrodescendants » expriment leur inquiétude

La rédaction - 28/07/2011
Image:Les « afrodescendants » expriment leur inquiétude

« (...) accroître le bien-être de tous, Africains et Français, ici et en Afrique »
Le Mouvement des « Africain-français »

En perspective des élections présidentielles de 2012, les Africain-français marquent leur adhésion aux valeurs de la République et expriment leur inquiétude.

Le site du Mouvement des Africain-français [MAF] est l’expression des Africain-français. Mais il n’exprime pas seulement la pensée de ces derniers. Le monde change, il est en perpétuel mouvement.

De nombreux Français dits de « souche » regardent sans idées reçues, c’est-à-dire sans aucun préjugé, la réalité de ce monde qui change. C’est pourquoi ce site prétend que des Français de « souche » seront également d’accord avec son contenu. Quant aux Africain-français, ils affirment ici que du passé entre l’Afrique et la France découle un lien singulier et fort que l’on ne peut effacer d’un trait. Ce lien a déjà produit dans l’hexagone de nombreuses personnalités aussi bien dans le domaine intellectuel qu’artistique, dans la sphère économique que sportive. D’autres champions sont en train d’éclore pour la grandeur de la France. Nous ne parlerons pas d’innombrables combattants, ressortissants d’Afrique Noire, désignés sous le terme « tirailleurs sénégalais », qui ont perdu leur vie pour la France !

Cependant, nous ne pouvons passer sous silence le sentiment général des Africain-français sur ce qui s’est passé en Afrique de l’Ouest du 09 Septembre au 12 Octobre 2009 en un lieu, puis du 28 Novembre au 11 Avril 2011 en un autre lieu. C’est d’autant plus préoccupant qu’en 2007, des déclarations politiques ont été faites, signifiant que le lien entre dirigeants Français et Africains qui négligent le bien-être des populations Africaines, était une page qu’il fallait tourner.

Malheureusement, à travers une coercition violente que l’Afrique Noire n’a plus connue depuis des décennies, les récents évènements rompant la tentative d’instauration d’une réelle démocratique en Afrique Francophone, montrent que le rapport que les autorités politiques Françaises veulent maintenir avec les dirigeants Africains peu soucieux du bien-être de leur population n’a pas changé. Mais c’est un leurre de penser que la supériorité militaire autorise toutes les violences et apporte la pleine maîtrise du destin des peuples dans le temps. À l’échelle de l’Univers, les hommes ne sont pas maîtres du temps.

Si les autorités françaises portent le même regard sur les peuples d’Afrique Noire que celui que l’Occident a eu sur eux jusqu’au milieu du XIXe - début du XXe siècle, notamment lors des conquêtes coloniales, nous pensons que cela est une grave erreur. Même si nous pouvons la comprendre. Dans la mesure où, comme le souligne Henri Bergson (1859-1941) « les grandes erreurs politiques, viennent presque toujours du fait que le point de départ n’est pas le suivant : la réalité bouge et est en mouvement continuel. On raisonne sur une personne, sur un peuple, comme s’ils étaient et restaient toujours ce qu’ils sont et ce qu’ils ont toujours été. Une fois nommés et définis, nous nous les représentons d’une manière déterminée et nous pensons qu’ils doivent demeurés ainsi. Mais, en réalité, le nom et les définitions sont comme des étiquettes collées sur quelque chose qui change » [1]. Découlant pour l’essentiel de la falsification de l’histoire du monde nègre depuis le XVIIIe siècle, les étiquettes collées sur les Africains noirs ont du mal à disparaitre ainsi que le témoignent de nombreux faits. L’idéologie propagée par nombre d’États Européens n’est pas de nature à rendre leur disparition facile.

Pourtant, le regard eurocentriste que les pouvoirs français posent sur les peuples d’Afrique Noire devrait cesser, pour s’accorder avec les principes Universalistes que l’intelligence française a présentés aux nations du monde, un universalisme dans le droit chemin de l’humanisme ayant émergé en Europe du XIVe au XVIe siècle et abouti en 1789 à l’élaboration des droits de l’Homme et du citoyens [2]. Prolongés dans le préambule de la constitution du 27 Octobre 1946 [3], ces principes ne devraient pas être ruinés par des faits continuellement accomplis en Afrique Noire par les pouvoirs Français. Les principes gardent leur substance lorsqu’ils sont appliqués avec la même rigueur, en toute circonstance. Autrement, l’arbitraire n’est jamais loin.

La falsification de l’histoire des peuples de l’hémisphère-Sud, notamment celle de l’Afrique Noire, le financement du bien-être des peuples de l’hémisphère-Nord par le Sud, sont des faits avérés que les autorités politiques de la France devraient s’interdire. Toujours à l’oeuvre, les mécanismes mis en place et montrant comment « l’Europe a sous-développé l’Afrique » [4] doivent être démontés. La France qui se veut le fer de lance de la lutte contre les injustices et les inégalités en sortirait grandie. Quoi qu’il en soit, il ne faudrait pas perdre de vue que la complexité n’oublie pas. Par des voies qui lui sont propres et à un temps qui lui appartient, elle se manifeste sous maintes formes qui ne sont, au fond, qu’un retour à un équilibre injustement rompu par le fait des hommes. Plus le déséquilibre entre le Nord et le Sud se creuse et c’est le cas depuis 50 ans en ce qui concerne l’Afrique Noire plus ce retour inéluctable à l’équilibre posera problème. Les questions de l’immigration illégale en provenance d’Afrique et qui embarrassent les africain-français autant que les Français de ‘souche’ ne sont pas sans rapport avec l’étau dans lequel sont maintenus les pays d’Afrique Noire francophones notamment, dans un système économique qui les étrangle et engendre le désespoir des populations par la volonté d’hégémonie de l’Europe. Quels que soient les accords établis dans le passé, entre les autorités Françaises et les dirigeants des pays d’Afrique pressés d’obtenir une indépendance qui n’en est pas une, ceux-ci doivent évoluer, changer pour s’adapter à la réalité d’un monde ouvert, produisant des Africains Noirs capables d’apporter leur contribution dans tous les domaines, dans à un monde qui change. Pour ne citer que lui, c’est notamment le cas du malien Cheick Modibo Diarra qui participa entre autres au programme spatial américain Pathfinder [5], et dont la formation scientifique de base s’est déroulée en France, à l’Université Paris VI, jusqu’au grade de Licence ès-science.

Au-delà de l’immense déception venant du constat d’une volonté renouvelée d’anéantir les tentatives d’essor des peuples d’Afrique Noire, malgré les discours qui prétendent le contraire, dans la perspective du scrutin de 2012 qui sera organisé pour l’élection du président de la République Française, les africain-français soulignent avec Henri Bergson, que « celui qui voudra agir et influer sur le sens que suit la réalité devra, par un effort d’imagination, de pénétration, se placer au sein de ce mouvement et adopter, en pensée, le changement. Voilà comment il pourra devancer le futur. » [6] Les discours exaltés à venir dont beaucoup invoqueront le changement, devront dépasser la forme pour le fond, les mots pour les idées qu’ils incarnent.

Les africain-français affirment que l’humanité est une. Elle aspire partout à la même fin : la paix et le bien-être, en somme le bonheur, même si pour cela elle passe par des valeurs et des principes philosophiques différents. Tous les peuples ont droit à la dignité, irréductible aux considérations financières et économiques. Les africain-français estiment que dans la solidarité des peuples, tous les Français peuvent vivre en bonne intelligence à l’intérieur et hors des frontières de la France, notamment en Afrique ; dans un rapport qui se soucie du bien-être de tous et pas seulement de celui des dirigeants Africains qui usurpent le pouvoir, méprisent les peuples Africains, et oeuvrent pour les intérêts de l’Occident.

Au vu d’abondantes richesses de l’Afrique en énergie et en matières premières, une telle solidarité bien pensée ne devrait pas laisser les uns dans la misère, les autres dans l’opulence, mais accroître le bien-être de tous, Africains et Français, ici et en Afrique.

Robert EKWA

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En perspective des élections présidentielles de 2012, les Africain-français ont en effet décidé de s’unir pour lutter d’une seule et même voix.

Notes :

[1] H. Bergson, Écrits philosophique, Le choc Bergson, PUF, (2011), p. 519

[2] Le comte de Castellane, Antoine-Pierre Barnave, Pierre-Victor Malouet, Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, 1er Août 1789. Disponible sur http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/dudh/1789.asp

[3] Préambule de la constitution du 27 Octobre 1946. Disponible sur http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/dudh/1789.asp

[4] W. Rodney, How Europe underdeveloped AFRICA, Introduction by Vincent Harding, published by Howard University Press, Washington, D. C. edition, 1982, 1-312.

[5] Programme Mars Pathfinder d’exploration géophysique de la planète mars, lancé en 1997 par la NASA. Disponible sur http://marsprogram.jpl.nasa.gov/MPF/bios/team/diarra.html

[6] Ibid., Bergson, (2011), p. 519

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 28/07/2011

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