Quel Togo construire ?

Safari - 29/08/2010
Image:Quel Togo construire ?

Un projet de société pour le Togo
Discours de présentation par Maurice Dahuku PERE

Début août, le président de L’ALLIANCE, M. Maurice Dahuku PERE a présenté à la presse un livret intitulé « Quel Togo construire ? ». Il s’agit en fait du projet de société du parti suivi du plaidoyer pour la 42 eme ethnie.

L’ALLIANCE a ainsi souhaité à travers cette publication préciser le type de société que le parti veut construire avec les Togolais. Voici in extenso la déclaration du président de L’ALLIANCE au cours de cette présentation :

Mesdames et Messieurs,
Chers militants et chers sympathisants,

Je vous remercie tous d’être venus à cette cérémonie de présentation du livret de L’ALLIANCE titré : « QUEL TOGO CONSTRUIRE ? » Pour vous le présenter, ie rappellerai d’abord, très rapidement, ce qu’est L’ALLIANCE et les principales étapes que ce parti a traversées jusqu’à ce jour. Je présenterai, ensuite, aussi rapidement, les grandes idées qui y sont soutenues. Celles-ci me permettront d’éclairer notre perception de l’étape actuelle que nous avons atteinte, dans le processus de démocratisation et d’accession à un Etat de droit.

Comme chacun sait, le point initial crucial a été la conférence nationale, moment fort où nous avons réussi à nous dire, en toute franchise, que tout n’allait pas pour le mieux dans notre pays. Nous avions cru en ce moment que nous nous étions compris sur ce que nous devrions faire pour que note pays se porte mieux. Mais, en réalité, chacun n’avait compris que ce qu’il pensait en tête. Par la suite, nous avons évolué de malentendus en malentendus pour nous retrouver, aujourd’hui, grâce à un coup d’arrêt providentiel, à cet autre moment fort que nous baptisons « la réconciliation nationale », une expression semblable à celle de « conférence nationale » .

La question que nous nous posons actuellement, à L’ALLIANCE, est celle de savoir si nous allons encore rater cette étape du processus ou si nous allons pouvoir en sortir véritablement réconciliés pour nous atteler ensemble à la reconstruction de notre cité, le Togo. Et s’il apparaît que ceci sera effectivement le cas, nous pourrons nous réjouir, un jour, d’avoir fait aujourd’hui, cette présentation

1. Qu’est-ce L’ALLIANCE ?

L’ALLIANCE, c’est le nom abrégé de l’Alliance Démocratique pour la Patrie, parti politique créé en Septembre 2005 et reconnu conforme à la loi portant charte des partis politiques en République Togolaise. Dans sa déclaration de politique générale et d’orientation rendue publique à sa naissance, L’ALLIANCE avait exprimé sa volonté de privilégier les options suivantes dans son combat politique :

-  Lutter contre toute instrumentalisation politique des ethnies et des régions géographiques ;

-  Faire de la gouvernance un art de servir les intérêts des populations ;

-  développer le sens du partage ;

-  Rechercher un équilibre optimal entre les intérêts nationaux et les intérêts légitimes de la communauté internationale ;

-  Développer la solidarité internationale ;

-  Proposer en temps opportun, au peuple togolais, un projet de société répondant aux exigences de son temps et de son histoire.

Après nous être mis d’accord sur ces conditions que nous voulions voir établies dans notre pays, nous avons compris, en échangeant entre membres fondateurs, que toute société peut fonctionner correctement si elle prend appui sur trois valeurs essentielles qui sont, dans l’ordre : la justice, la vérité et la fraternité.

-  Justice, d’abord, parce si chacun voit que ce qui lui appartient est respecté ou lui est donné, il aura suffisamment confiance pour demeurer membre de cette société et œuvrer à son épanouissement et à son développement.

-  Vérité, parce que celle-ci est le ciment qu’il faut à toute relation durable dans une société juste. A l’inverse, des associés qui ne se diraient pas la vérité ne pourraient pas se faire durablement confiance.

-  Fraternité enfin, parce que là où l’amour fraternel corrige les aspérités de la justice et de la vérité, il fait bon vivre ensemble.

Ainsi donc, aux cinq (5) principes choisis pour guider notre action politique, nous avons convenu d’ajouter les trois valeurs cardinales ci-dessus, justice, vérité et fraternité, sous la forme d’une devise précisant l’esprit qui donnera une bonne saveur au vivre – ensemble.

2. Le chemin parcouru

Forts de ces principes et valeurs fondateurs, nous avions commencé à sillonner le pays pour faire connaître le parti. Partout où nous avons exposé ces idées, nous avons pu vérifier l’espoir suscité, d’une part, mais aussi, d’autre part, le scepticisme manifesté eu égard à la tendance naturelle de l’être humain à laisser se corrompre tout idéal noble qu’il s’est donné au départ. Cependant nous n’avons ni renoncé à l’idéal, ni pensé que la corruption de l’idéal ne frappait que les autres.

Après avoir tout écouté et enregistré aussi bien les espoirs que les craintes, nous nous sommes engagés devant notre conscience à veiller à ce que les textes juridiques du parti permettent aux générations successives d’accéder au pouvoir dans le parti et d’assumer leurs responsabilités à l’égard du moment historique et dans la fidélité à l’esprit du parti. Aucun parti politique ne devrait, du reste, se considérer comme fondé une fois pour toutes. Toute formation politique qui vit et agit est, comme tout être vivant, soumis aux aléas de l’existence, aux crises périodiques qui président naturellement à toute croissance et à tout perfectionnement dans l’être humain lui-même et dans ses œuvres.

C’est donc avec humilité que nous avons accueilli l’enthousiasme des uns et le scepticisme des autres, ainsi d’ailleurs que les crises successives et les obstacles qui ont mis à mal la cohésion et la solidité du parti à certaines périodes. Nous pensons actuellement que L’ALLIANCE a réussi globalement à bien gérer ses crises, puisqu’elle a continué d’exister, de prendre des décisions, de poser des actions. Nous avons confiance qu’ayant su ainsi gérer, avec l’aide de Dieu, les premiers pas de l’existence du parti, nous pouvons nous attendre à prendre des initiatives de plus en plus grandes pour finir un jour par enregistrer des succès profitables à nos militants et à notre peuple.

Dans notre progression, qui se loge, bien sûr, dans celle du pays, nous avons pu identifier le temps d’aujourd’hui comme étant le moment venu pour nous d’interroger notre temps et l’histoire de notre peuple pour déterminer et proposer le type de société que nous voulons construire avec les togolais.

3. Temps de la réconciliation, temps pour préparer la reconstruction

Il y a un peu plus d’un an que le processus de réconciliation a commencé. A en croire les déclarations des compatriotes qui en sont chargés, ce processus poursuit son cours et ira à son terme.

Décider d’entrer dans un tel processus signifie que nous avons reconnu, dans le cours de notre vie commune en tant que peuple etnation, avoir eu un passé avec une dominance de comportements et d’actions peu ou pas du tout fraternels, les uns à l’égard des autres. Le processus de réconciliation doit nous amener à convenir de ces actes et comportements, à procéder aux réparations nécessaires pour solder ce passé, et à prendre ensemble les décisions qui conviennent pour construire un meilleur avenir commun. Si nous passons convenablement à travers ce processus, il est évident que rien ne sera plus désormais comme avant. Notre pays et notre peuple y ont intérêt et personne parmi nous, acteurs politiques du moment, ne saurait se faire excuser valablement de n’y avoir pas contribué de la manière dont il pouvait.

C’est pourquoi nous pensons, à L’ALLIANCE, que nous devons consacrer tout notre temps et toute notre attention à ce processus, pour veiller dès maintenant à ce que demain ne soit plus comme hier. C’est en effet aujourd’hui, dans le cadre de ce processus, qu’il convient de faire prendre en compte les dispositions devant conduire à des réformes constitutionnelles et institutionnelles qui nous réconcilient vraiment. Si nous n’y veillons pas, personne ne le fera à notre place.

Les élections transparentes et la vérité des urnes, c’est désormais sur demain qu’il faut compter pour cela et non sur hier. Nous devons faire le deuil du passé, qui est réellement passé, et préparer la vie de demain, la vie nouvelle. Le temps qui nous est imparti pour cela est trop court pour que nous le perdions à des choses qui nous distraient inutilement de l’essentiel. Et l’essentiel, aujourd’hui, se résume en cette question cruciale qui nous a toujours préoccupés à L’ALLIANCE : Quel pays voulons-nous laisser à nos enfants, demain ?

A cette question, le projet de société de L’ALLIANCE tente d’apporter une réponse qui, nous l’espérons, sera versée au dossier des illustres concitoyens chargés de conduire la réconciliation nationale.

4. Quel Togo construire ?

Le temps de la réconciliation nationale apparaît comme let juste moment pour poser une telle question et y répondre.

« QUEL TOGO CONTRUIRE ? » , c’est aussi le titre que nous avons donné au document qui développe, sur une soixantaine de pages, le projet de société de L’ALLIANCE.

La couverture du document porte des signes caractéristiques du parti et mérite qu’on s’y arrête quelques instants :

-  Une source d’eau jaillissante : c’est l’emblème du parti ;

-  Une carte du Togo construit brique par brique, aux couleurs de l’arc-en-ciel : c’est le symbole d’une société multiethnique unie ;

-  Une bordure blanche entoure le Togo ainsi que l’expression « 42ème ethnie », à la fin du titre : la Nation Togolaise est la 42ème ethnie, celle à laquelle L’ALLIANCE appelle les togolaises et les togolais à apporter tous leurs soins afin de léguer à nos enfants, un Togo comme il faut, l’OR de l’humanité.

Un avant – propos donne des informations sommaires sur le parti et annonce le projet.

Le texte même du projet s’ouvre par une introduction qui dresse un bilan sommaire du régime du parti unique.

Le corps du projet de société s’articule en quatre parties dont la première met en relief les conditions susceptibles de garantir à notre pays la paix sociale et un redressement économique durable.

La deuxième partie définit les grands axes d’actions que L’ALLIANCE pense poser pour transformer la société togolaise actuelle et en faire une société nouvelle.

La troisième partie expose la stratégie de développement à expérimenter.
La quatrième partie explique comment les relations extérieures du pays devront être établies sur des bases nouvelles plus utiles au développement du pays.

Enfin, une brève conclusion esquisse très brièvement un profil des hommes et femmes de cette société nouvelle, juste une esquisse pour indiquer la vertu servant de motivation aux artisans de cette société que nous sommes, tous, citoyennes et citoyens du Togo d’aujourd’hui.

Nous ne vous ferons pas l’insulte de pousser l’analyse jusqu’au détail, puisque vous aurez, comme je l’espère, le temps de lire, vous-mêmes, le document du projet de société.

Mais nous voulons vous dire déjà, s’agissant des conditions de la paix sociale et d’un développement durable, qu’elles sont, selon nous, au nombre de trois :

-  la réconciliation de tous les togolais ;

-  l’unité de tous autour de l’idée de Nation ;

-  la justice et l’équité pour tous en matière de droits et devoirs.

Il y est souligné que, si elle est bien réalisée, la réconciliation va permettre de réanimer la flamme de l’unité nationale dans les cœurs de tous les togolais, et qu’une vraie réconciliation doit suivre un processus débarrassé de fausses apparences, des arrières pensées de récupération politique et d’auto exaltation. Il y est souligné encore que bien réconcilier, c’est amener les togolais à accepter de demander pardon au prochain que l’on a offensé, et d’accorder le pardon, non seulement aux vivants, mais aussi aux morts. Les morts qui ont besoin de notre pardon ce sont, entre autres, tous les premiers dirigeants de notre nation qui sont morts sans notre reconnaissance et nos égards.

Cette réconciliation doit être réalisée pour que nous puissions nous mettre, ensemble, à reconstruire notre pays.

5. Un regard sur l’actualité

S’il est vrai, comme nous le pensons à L’ALLIANCE, que la bonne question à poser aujourd’hui est de savoir quel pays nous voulons laisser à nos enfants, alors il est aussi vrai que nous avons tous intérêt à convergeons vers ce Togo où, si nous prenons aujourd’hui les disposions pertinentes et nécessaires, les mots « Démocratie », « Développement », « Etat de droit », « Elections transparentes », « justice, vérité et fraternité » auront un sens. Faisons le choix de la réconciliation, même si sa préparation n’a pas toujours coïncidé avec nos attentes individuelles. Faisons tous ce choix et croyons que c’est le bon. Faisons tous confiance à notre Dieu qui ne nous a jamais abandonnés dans nos difficultés. Il est capable, nous le connaissons suffisamment bien pour le dire, de nous réserver de grandes surprises pour demain.

C’est ici l’occasion pour nous de dire que nous ne reprochons pas à M. Gil christ OLYMPIO d’avoir fait le choix de la réconciliation. Car s’il l’a fait sincèrement et du fond du cœur, comme cela se dit au Togo, c’est une bonne chose que nous nous devons d’accompagner.

Ce qui nous heurte, par contre, à L’ALLIANCE, c’est de constater qu’il a laissé beaucoup de monde sur le pavé, sans une juste information qui aurait pu les décider à suivre. Tous ceux-là qui l’attendaient depuis toujours pour faire le reste du chemin avec lui, pourquoi les a-t-il plantés pour continuer son chemin seul, ou presque ? S’il pense sincèrement que c’est en accueillant, aujourd’hui, la réconciliation ainsi offerte, que la bonne reconstruction du pays sera possible, pourquoi n’a-t-il pas essayé et n’essaie-t-il pas encore d’en convaincre ses populations de manière appropriée ?

Au FRAC nous l’avons attendu, mais il n’est pas venu. S’il était venu, nous aurions fait avec lui ce qu’il a fait seul et qui semble battre actuellement de l’aile. Certes, les temps actuels sont obscurs et il n’est pas aisé de distinguer une lueur à l’horizon. Mais c’est justement pour cette raison qu’il convient, non pas d’avancer en cavalier solitaire, mais avec les autres. Si c’est l’intérêt supérieur de la Nation qui commande son option, nous devons tous pouvoir le comprendre et l’accompagner.

A L’ALLIANCE, nous pensons qu’il est encore temps de corriger la démarche pour qu’elle soit celle de l’opposition dans son ensemble, afin que tout le peuple y gagne. Nul, en effet, n’a intérêt à se mettre à l’écart d’une initiative collective qui fait gagner le peuple. Il faudrait, dans ce cas, envisager que le prochain congrès de l’UFC soit moins houleux que pressenti et qu’il soit suivi d’une rencontre des principaux leaders de l’opposition pour étudier une stratégie gagnante pour le peuple. Cette éventualité offrirait l’occasion de restructurer et de renforcer le gouvernement actuel pour le préparer à relever des défis encore plus importants que ceux qu’il n’est donné, notamment au regard de la réconciliation nationale.

En guise de conclusion de mon propos, je dirai simplement ce qui suit.
L’avenir qui s’ouvre aujourd’hui devant l’opposition togolaise et le peuple togolais reste, comme par le passé, parsemé d’embuches. Mais il est aussi traversé par l’espérance. Celle-ci ne se laisse pas voir avec les yeux du corps, mais avec ceux de l’esprit. Tournons le regard au-dedans de nous et constatons que l’espérance est présente, malgré tout, aux portes de notre Nation. Notre Dieu est un Dieu de surprises. Il s’est toujours montré tel et Il nous réservera de grandes surprises pour demain si nous savons Lui faire confiance aujourd’hui.

Maurice Dahuku PERE


L’Alliance Démocratique pour la Patrie est un parti politique qui se veut rassembleur de toutes et de tous ceux qui recherchent une autre façon de conduire la Nation togolaise avec des valeurs sûres et universelles. Notre parti est fondé sur les trois piliers inaltérables qui garantissent la paix dans les nations et à travers les âges. Tous les pays démocratiques et prospères sont fondés sur ces valeurs : la justice, la vérité et la fraternité.

Lire la présentation complète sur le site de L’Alliance

Safari collabore au site d’information Medialternative et au collectif libertaire Ad Nauseam.

« Nous n’avons rien appris, nous ne savons rien, nous ne comprenons rien, nous ne vendons rien, nous n’aidons en rien, nous ne trahissons rien, et nous n’oublierons pas. »

 29/08/2010

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