Les deux prochains pays qui seront touchés seront l’Algérie et la Syrie

Lever l’état d’urgence !
Ligue Algérienne pour La Défense de Droits de l’Homme (LADDH)
Les événements qui ont secoué la Tunisie et qui secouent aujourd’hui l’Egypte sont un tournant historique dans l’évolution dans la région. Les deux prochains pays qui seront touchés seront l’Algérie et la Syrie.
Ces événements expriment la colère des populations contre des dirigeants qui se sont écartés de la trajectoire historique des nationalismes issus des luttes de libération du 20èm siècle.
Les générations des militants des années 1940 et 1950 avaient pour objectif de créer des Etats respectés au niveau international, développés économiquement et évolués socialement.
Les élites post-indépendance ont échoué et n’ont réalisé aucun de ces objectifs. Elles ont au contraire créé des régimes autoritaires coupés de la population et gangrenés par la corruption.
Solution pour une sortie de crise en Algérie
Lahouari Addi : Solution pour une sortie de crise en Algérie (LADDH)
Les événements qui ont secoué la Tunisie et qui secouent aujourd’hui l’Egypte sont un tournant historique dans l’évolution dans la région. Les deux prochains pays qui seront touchés seront l’Algérie et la Syrie. Ces événements expriment la colère des populations contre des dirigeants qui se sont écartés de la trajectoire historique des nationalismes issus des luttes de libération du 20èm siècle.
Les générations des militants des années 1940 et 1950 avaient pour objectif de créer des Etats respectés au niveau international, développés économiquement et évolués socialement. Les élites post-indépendance ont échoué et n’ont réalisé aucun de ces objectifs. Elles ont au contraire créé des régimes autoritaires coupés de la population et gangrenés par la corruption.
La protestation violente qui a commencé en Tunisie, et qui atteindra bientôt l’Algérie, a pour aspiration le rétablissement de la confiance des populations envers leurs Etats. Les Tunisiens, les Egyptiens, les Algériens… ne veulent plus avoir honte de leurs institutions, de leurs armées, de leurs polices…, détournées à ce jour de leur vocation à servir la Nation. Les régimes des pays arabes ont perdu leurs légitimités et la confiance des peuples. Ils n’ont pas les ressources pour évoluer et se transformer pour devenir des émanations de leurs sociétés. Le changement radical est inéluctable, avec une rupture totale avec des régimes qui ont gravement porté atteinte à l’orgueil de la Nation, à la dignité des citoyens, à l’avenir des futures générations et au passé de la résistance à la colonisation.
Du point de vue historique, les événements en Tunisie et en Egypte ont toujours eu des retombées en Algérie. Le renversement de la monarchie égyptienne par les Officiers Libres en 1952 a encouragé les nationalistes Algériens à préparer l’insurrection de 1954. Celle-ci a été précipitée par les soulèvements en Tunisie et au Maroc contre le Protectorat français. Il faut rappeler que le mot « fellaga » vient de Tunisie. Ce terme était employé par les colons Français pour désigner les fidaïnes Tunisiens qui frappaient les représentants de l’ordre colonial à la tête.
La déferlante populaire qui a commencé en Tunisie est imminente à Alger, Oran, Constantine… Il faut la canaliser, l’accompagner pour atteindre ses objectifs : l’établissement d’un Etat de droit et d’un régime démocratique. Il est de la responsabilité des citoyens et des fonctionnaires de l’Etat d’éviter le bain de sang qui risque d’endeuiller des milliers de familles. La haine qu’ont les jeunes Algériens à l’endroit de la nomenklatura n’a pas son équivalent dans la région. L’Algérie a vécu des événements sanglants qui ont coûté la vie à 200 000 personnes dans les années 1990 et les cicatrices sont encore vives. L’Algérie est un pays riche dont les richesses ont été dilapidées par des dirigeants cupides et véreux au-dessus des lois de l’Etat (Affaires Khalifa et Sonatrach entre autres). La population en veut à Bouteflika et au DRS pour avoir mené le pays à la ruine et au désastre.
Il n’y a cependant pas de fatalité et le bain de sang peut être évité. Il faut pour cela que le Commandement militaire ne commette pas une seconde erreur historique et qu’il accepte le changement du régime en aidant la société à restaurer les institutions de l’Etat.
Les mesures à prendre dans l’immédiat pour calmer la population sont les suivantes :
– Destitution de Abdelaziz Bouteflika
– Radiation de l’ANP de Tewfik Médiène et de ses plus proches collaborateurs
– Dissolution de tous les services du DRS, à l’exception de ceux de l’espionnage et du contre-espionnage. Cette mesure est destinée à retirer l’armée des ministères, de la gendarmerie, de la police, de l’administration judiciaire et des médias.
– Formation d’un gouvernement de transition présidée par Abdelhamid Mehri et composée de personnalités nouvelles qui n’ont eu aucun lien avec le régime. Sa mission principale est de gérer les affaires courantes de l’Etat et de préparer des élections présidentielle et législatives dans un délai de trois à six mois.
– Dissolution de l’Assemblée nationale et du Sénat avec obligation aux députés et Sénateurs de reverser au Trésor leurs traitements depuis l’année 2008
– Retrait du soutien financier de l’Etat aux partis RND et FLN
Le gouvernement de transition aura une autorité politique sur le Commandement militaire qui l’aidera à réaliser sa tâche de maintien de l’ordre et de protection des biens et des vies des personnes. Il invitera l’ensemble des citoyens à s’organiser en associations ou partis politiques pour apporter leur contribution à la mise en œuvre de la démocratie et de l’Etat de droit.
A cet effet, aucune sensibilité politique ne sera exclue des institutions sous les conditions suivantes :
– Reconnaître le monopole de la violence à l’Etat qui l’exerce dans le cadre de la loi
– S’engager à respecter la liberté d’expression et la liberté de la presse dans le respect de l’honneur de tout citoyen
– Reconnaître l’égalité juridique entre les hommes et les femmes
– Accepter le système électoral à la proportionnelle
– S’engager à accepter le verdict des urnes quel que soit le résultat
L’Etat de droit de la démocratie appartiennent aux perspectives historiques de l’Algérie.
Il serait vain de vouloir s’y opposer.
Il vaut mieux accompagner ces évolutions sans violence comme l’ont fait les ex-pays socialistes de l’Europe de l’Est. La responsabilité des hauts fonctionnaires, en particulier des officiers supérieurs de l’armée, est grande. Ils sont appelés à être à la hauteur des défis de l’histoire.
Ghazi HIDOUCI : Après le 12 février
Les débats continuent sur les défis de la mobilisation comme espace et dynamique pour faire avancer les luttes d’émancipation de la société. Les réseaux et réseaux de réseaux à l’œuvre depuis longtemps et qui ne demandent qu’une réhabilitation capturent une grande partie de l’espace politique et social.
Ils doivent maintenant prendre l’initiative pour affirmer leur identité, les valeurs populaires et de nouveaux projets de construction sociale.
Ils forcent à une nouvelle articulation au niveau politique éloignée des pratiques obsolètes disloqués des périodes antérieures et l’étiolement du projet de transformation qui avait porté pendant longtemps la bannière du socialisme et de la social-démocratie.
Dans cet effort naissant la parole doit être prise par « en bas », sans organisation centralisée, sans porte-parole autoproclamé, et tout cela avec des ressources et des budgets ridicules qui proviennent de plus en plus des participants eux-mêmes et non de subventions des ONG. Un fil rouge nous rassemble. La critique par la pauvreté de la prédation omniprésente, non seulement dans ses manifestations concrètes (la crise financière, la dette, la crise du secteur public, les destructions environnementales, les guerres, etc.), mais dans sa substance.
A partir de ce fil, on n’en est plus à l’époque de diagnostiquer, mais de vaincre. Le pouvoir n’est pas un « lieu », un « palais d’hiver à saisir », mais un rapport de forces construit par des luttes de classes complexes. mouvantes, changeantes. Au premier degré, il faut vaincre le régime, système en place pour servir les dominants, système structuré autour de l’État et d’un certain nombre de dispositifs indispensables de la domination (les instruments de la « sécurité » -celle des dominants évidemment-, les appareils idéologiques y compris les grands médias, etc.).
Aussi, les débats actuels et à venir doivent être libérés de la gène à poser les questions difficiles. Et pour cela, il faut faire sauter certains « verrous » :
Par exemple, il faut en finir avec cette pseudo distinction entre mouvements sociaux « apolitiques » et partis « politiciens » et qui excluait, en théorie plus qu’en pratique. Aujourd’hui mouvements comme partis sont des acteurs sociaux et politiques. Ils sont sur un pied d’égalité pour élaborer et penser les stratégies d’émancipation.
D’autre part, la distinction plutôt artificielle entre l’« espace » des mouvements sociaux et l’« espace » politique doit également être surmontée. Un mouvement local qui s’occupe de sauver l’environnement est inexorablement investi dans la lutte politique. À l’inverse, de vastes coalitions politiques qui veulent promouvoir des changements à l’échelle nationale sont sans valeur si elles ne peuvent agir au niveau local, à la base.
Nous vivons donc une période à la fois périlleuse et exaltante. Les dominants disposent d’énormes outils de destruction massive, tant sur le plan militaire que sur le plan intellectuel. Mais cette force est apparente, minée de l’intérieur. L’arrogance des dominants, qui glisse et dérape dans une certaine voyoucratie, pourrait les faire trébucher. On a vu cela dans l’histoire, ce qui a débouché sur des crises épouvantables.
D’autre part, les dominés sont organisés comme jamais auparavant, mais leur force reste souvent dormante, quelque peu passive (il y a heureusement des exceptions). La capacité de blocage se traduit rarement en une capacité de captation. Dans une large mesure, cette passivité est cultivée par un puissant appareil organisé autour d’institutions (qui viennent parfois des luttes passées sous la forme de partis social-démocrates, de grands syndicats et de mouvements de libération nationale), et dont le mandat est de préserver, tout en l’améliorant, le statu quo. Les « cadres et compétents » qui dominent ces institutions sont déchirés : d’une part, leur cœur est avec le projet d’émancipation sociale ; d’autre part, ils sont pour le maintien des institutions et des avantages matériels qui en découlent pour eux.
En face d’eux, des nouveaux acteurs, hybrides, radicalisés, innovateurs, « glocaux », encore hésitants, tâtonnants. Ils cherchent des « explications », en revisitant les hypothèses des « ancêtres », mais sans la « religiosité » des mouvements antérieurs. Ils ont des pratiques qui insistent sur la démocratie au sens radical du mot. Ils refusent les fausses « subordinations » des luttes »secondaires » et mettent de l’avant les traditionnels « subalternes » qu’ils soient femmes, jeunes, immigrants, autochtones, mais sans en faire des fétiches et des « porteurs » de l’historicité. Bref, ils cherchent, sans trop savoir comment, à dépasser cet éternel débat, celui entre « réforme » et »révolution ».
La porte de sortie est de reconstituer une grande alliance arc-en-ciel, réunissant les « anciens » et les « nouveaux » mouvements, en focalisant sur le cœur de la chose : comment renforcer le mouvement pour la transformation sociale, au-delà de ses batailles partielles, au-delà de ses clivages ?
Car en Algérie, c’est fondamentalement la question du pouvoir. C’est la question d’un pouvoir constituant, hégémonisé par les subalternes (au pluriel), capable de manœuvrer, de déjouer les adversaires, d’élargir l’alliance pour la transformation sociale et de transformer la société.
Retrouvez la revue de presse de la Ligue Algérienne pour La Défense de Droits de l’Homme (LADDH) sur la-laddh.org
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