Manuel Valls doit quitter le gouvernement

Bruno Gouteux - 7/10/2013
Image:Manuel Valls doit quitter le gouvernement

« Manuel, Tu avais « vocation » à retourner en Espagne où tu es né »
Refonder une république antiraciste

Les propos de Manuel Valls contre les Roms auront débouché sur une pétition demandant sa démission du gouvernement.

On se souvient que le député-maire d’Evry, filmé par Direct 8 en 2009 alors qu’il traversait une brocante, demandait qu’on rajoute « quelques blancs, quelques whites, quelques blancos », trouvant apparemment la population de sa ville trop « basanée » ou trop « noire ». Nombreux s’étaient alarmés des propos de celui qui n’était pas encore ministre de l’intérieur. Il aura alors indiqué* qu’il n’y avait « pas un mot à enlever » à ses propos racistes.

Aujourd’hui, heureusement, nombreux sont ceux qui demandent la démission de celui qui est qualifié de « ministre néo-fasciste » par Le Quotidien des sans-papiers, alors qu’est toujours en ligne une autre pétition, Pour l’abrogation de la circulaire Valls, demandant elle aussi que le ministre populiste et raciste quitte le gouvernement.

Désormais Manuel Valls doit démissionner !

On connaissait Jean-Claude Lefort pour avoir été le seul député à s’engager clairement dans la recherche de la vérité sur l’action de la France au Rwanda et ses responsabilités dans le génocide des Tutsi de 1994.

S’il était minuit dans le siècle, autrement dit aux heures les plus sombres, c’est le même homme qu’on voit se dresser aujourd’hui pour demander la démission du ministre de l’intérieur responsable non seulement d’avoir prononcé des propos racistes incriminables, comme le dénonce Lefort, mais bien pire encore de constituer un quasi consensus, à forces de sondages à la une des journaux qui lui accordent jusqu’à 80% ou plus d’adhésion dans la population.

Ainsi, jamais la France n’aura été aussi bas depuis 1940. Le consensus pétainiste reconstitué, Gobineau institué de fait comme penseur fondamental. Et c’est bien, du Rwanda aux Roms, le même sujet qui pointe l’oreille : au delà de l’Etat raciste, dans son sillage, le peuple le plus salement raciste, salement parce qu’habillé en col blanc et armé de toutes les ficelles de subtiles rhétoriques assassines.

On sous-estime la capacité de manipulation de cet État. Mille ans de monarchie suivis de deux siècles de république, avec plus d’un siècle d’éducation universelle, le tout héritant des leçons de l’empire romain intensément révisées, auront permis de développer la science du pouvoir la plus retorse. Aujourd’hui, quelques sondages (éventuellement manipulés) suffiraient presque à asseoir le coup d’état du petit Mussolini d’Evry. Ils auront en tout cas installé l’image du nouveau pétainisme – un pays où les défenseurs des libertés se retrouvent bien seuls, comme titre cet après-midi Le Monde.

Contre cette horrible gale, Jean-Claude Lefort appelle à résister, et appeler avec lui à la nécessaire démission de Valls – pour refonder une république antiraciste, la seule que l’on puisse désirer, la seule où l’on peut vouloir vivre.

Paris s’éveille / Le Quotidien des Sans-Papiers

PS : A noter que tous les liens vers la pétition demandant la démission du ministre néo-fasciste sont actuellement inactifs… A en croire Google seuls un blog de Mediapart, le site de l’UJFP, celui de La Feuille de chou et celui de la LDH-Toulon répercutent cette pétition supposée être en ligne mais dont l’hébergeur affiche une erreur 503, « service unavailable »… Faut-il croire que la police est bien faite ?

Pétition : Désormais Manuel Valls doit démissionner !

Tribune de Jean-Claude Lefort contre les propos inacceptables de Manuel Valls

Je dois reprendre aujourd’hui la plume [lire ci-dessous Manuel, souviens-t-en...] car les bornes de l’indécence sont largement atteintes.

A la suite du Conseil des ministres de mercredi, le bruit avait fuité selon lequel Manuel Valls aurait fait amende honorable devant le Conseil et qu’il avait admis avoir commis une « maladresse » en déclarant que « les Roms ont vocation à rester ou repartir » dans leur pays d’origine. Une heure après, on apprenait par son « entourage » que le ministre maintenait ses propos et n’avait jamais admis avoir commis pareille « maladresse ».

De toute façon, ce n’est pas une maladresse qu’il a commise. Il a proféré des propos racistes. Et les propos racistes ne sont pas des « maladresses » car il n’y a pas de racisme « maladroit ». Et ses propos constituent un délit puni par la loi sur la presse de 1881, article 24 deuxième alinéa.

Cette loi est précise et s’applique pleinement en la circonstance.

Lisez vous-même :

« Ceux qui, par l’un des moyens énoncés à l’article 23, auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ou de l’une de ces deux peines seulement. »

Manuel Valls a bien provoqué à la discrimination raciale en parlant des Roms. Aucun doute. Des poursuites judiciaires sont recevables.

Un ministre de la République ne peut distiller ou pratiquer le racisme sous quelque forme que ce soit. Il ne peut pas rester en fonction. Il doit démissionner ou être démissionné. La balle est dans les mains du Président de la république.

C’est quand même terrible que Manuel Valls ne comprenne pas, ou ne veuille pas comprendre, que des hommes et des femmes puissent fuir leurs pays d’origine du fait des discriminations qu’ils subissent. Ses parents l’ont fait qui fuyaient le régime franquiste en Espagne.

Albert Einstein, le Juif, s’est réfugié aux Etats-Unis du fait de l’antisémitisme absolu des nazis en Allemagne. Combien de Polonais Juifs l’ont également fait. Dans les Brigades internationales il y avait un bataillon juif. Des Juifs qui avaient fui leurs pays à cause de rafles, des mortels pogroms et de persécutions horribles dont ils étaient l’objet.

Varsovie, te souviens-tu Manuel ?

De toute évidence, « Le ventre est encore fécond d’où sorti la bête immonde. »

On ne peut laisser passer. « No pasaran ! ».

Jean-Claude Lefort
Député honoraire
Fils de Manouche

Valls avec les Roms

Lettre ouverte à l’insupportable Manuel Valls

Par Jean Ortiz

Monsieur le ministre,

...Je vous ai écouté à France Inter puis à RMC, chez Jean Jacques Bourdin. Mal réveillé, j’ai cru entendre un dirigeant du Front national. J’ai même un moment pensé que, journaliste bien-pensant, vous interviewez le ministre de gauche J.J. Bourdin.

...Un peu d’eau fraîche sur le visage comme jadis le matin dans les « camps de concentration » d’Argelès, de Barcarès, où furent accueillis nos parents Républicains espagnols, et me voilà lucide.

...Non je ne rêvais pas. Il s’agit bien du ministre hollandien de l’Intérieur, Catalan naturalisé Français en 1982, et pas d’Albert Sarraut ni de Daladier, déjà ministres des barbelés « de gauche » dans les années 1930.

...Il y a en France environ 20.000 Roms, oui vous avez bien lu : « seulement » 20.000, mais si l’on en croit le ministre des « expulsions forcées » (dénoncées par l’agence moscoutaire Amnesty International), ils menacent la sécurité de notre pays, plus que le chômage, les huit millions et demi de pauvres, les coûts ravageurs de l’accumulation du capital, la « Françafrique », les ripoux en col blanc, les vampires du CAC40, les licencieurs boursiers....

Les Roms, les « voleurs de poules », voilà le danger, voilà le nouveau bouc-émissaire stigmatisé pour faire peur au « petit peuple », pour faire avaler l’austérité « de gauche », les trahisons, les reniements de ce gouvernement « caniche des Etats-Unis », un rôle que ne veulent même plus jouer les Anglais.

...Comme nous ne sommes pas aux Etats-Unis, on ne peut pas autoriser le port d’armes contre les Roms...Mais il y a des mots souvent aussi redoutables que les armes. Ecoutons le ministre « socialiste » tourner en rond : « Il est illusoire de penser que l’on règlera le problème (des Roms) par l’insertion ». Pas besoin par conséquent de « stratégie d’intégration » comme le demande Mme Viviane Reding, vice-présidente de la Commission européenne. Les Roms « ont vocation à retourner en Roumanie et en Bulgarie ». Place donc aux pandores. Les Roms sont sans doute insolubles dans la civilisation... « Une majorité doivent être reconduits à la frontière » (M.Valls). Au nom de cette « libre circulation » garantie par les accords et traités européens ? Les Roms, c’est bien connu, sont réfractaires à « l’insertion », au droit à la santé, à l’éducation, au logement...Le ministre se flatte d’avoir démantelé 242 « campements » depuis le premier janvier 2013 ...11.982 migrants jetés à la rue et confrontés à une exclusion et une précarité redoublées. Rien ou si peu leur est proposé à la place.

« Etre de gauche » pour vous paraphraser Monsieur, ce n’est pas valser avec Guéant et Hortefeux,
ce n’est pas être le chouchou de la droite pour des raisons carriéristes,
c’est faire la chasse aux exploiteurs sans foi ni loi, à ceux qui « s’enrichissent en dormant », pas aux pauvres.

« Etre de gauche », c’est avoir un coeur solidaire
ce n’est pas patauger dans les marécages pourris qui font le jeu du Front National
nous resservir la « guerre des civilisations »,
c’est préférer Jaurès à ce Clémenceau que vous aimez tant,
c’est être avec les communards contre Thiers et les Versaillais,
c’est considérer que l’autre, « l’étranger », est un autre vous-même que vous n’existez que par lui.

Mais pour comprendre tout cela, Manolo, il faut être de gauche.

...Qu’escomptez-vous Manuel Valls ? Donner des gages à l’extrême-droite pour acquérir le statut de « présidentiable » ? A ce prix, vous vous déshonorez, et avec vous la fonction que vous occupez.

Jean Ortiz Hernandez

Manuel, souviens-t-en...

Quand on est de gauche, on n’a pas la matraque en guise de cœur. C’est un Français d’origine manouche qui t’écrit et qui écrit au Français de fraîche date que tu es. C’est un fils de « brigadiste » qui se rappelle à toi. Souviens-t’en : « Celui qui n’a pas de mémoire n’a pas d’avenir. »

Par Jean-Claude Lefort, Député honoraire, Fils de Manouche.

Manuel, tu as déclaré hier soir, sur BFMTV, que la situation était très différente pour toi, relativement à celle des Roms, car ta famille espagnole était venue en France pour fuir le franquisme.

Tu as été naturalisé français en 1982. Franco est mort en 1975. Sept ans avant ta naturalisation. Quand tu es devenu français, il n’y avait donc plus de dictature en Espagne. Tu avais donc «  vocation  », selon tes mots, à retourner dans ton pays de naissance, en Espagne. Tu ne l’as pas fait et je comprends parfaitement, de même que je comprends totalement ton souhait de devenir français. Cela sans l’ombre d’un doute.

Tu avais « vocation » à retourner à Barcelone, en Espagne où tu es né, pour reprendre tes propos qui concernaient uniquement les Roms. Celui qui t’écrit, en ce moment, est un Français d’origine manouche par son père. Mon père, manouche et français, est allé en 1936 en
 Espagne pour combattre le franquisme, les armes à la main, dans les Brigades internationales. Pour la liberté de ton pays de naissance, et donc celle de ta famille. Il en est mort, Manuel. Des suites des blessures infligées par les franquistes sur le front de la Jarama, en 1937. Je ne te demande aucun remerciement, ni certainement pas la moindre compassion. Je la récuse par avance. Je suis honoré en vérité qu’il ait fait ce choix, quand bien même il a privé ma famille de sa présence alors que je n’avais que neuf ans et ma sœur, dix-huit.

La guerre mondiale est venue. Et les camps nazis se sont aussi ouverts aux Tziganes. Tu le sais. Mais un nombre énorme de Manouches, de Gitans et d’Espagnols se sont engagés dans la Résistance sur le sol français. Ton père aurait pu en être. Il en avait l’âge puisque il est né en 1923. Georges Séguy et d’autres sont entrés en résistance à seize ans. Je ne lui reproche aucunement de ne pas l’avoir fait, bien évidemment. Mais je te demande le respect absolu pour celles et ceux qui se sont engagés dans la Résistance contre le franquisme, puis ensuite contre le nazisme et le fascisme. Contre ceux qui avaient fait Guernica. Et pourtant, à te suivre, ils avaient « vocation » à retourner ou à rester dans leur pays d’origine, ces « étrangers, et nos frères pourtant »

Manuel, « on » a accueilli la Roumanie et la Bulgarie dans l’Union européenne alors que ces pays ne respectaient pas, et ne respectent toujours pas, un des fondamentaux pour
 devenir ou être membre de l’Union européenne : 
le respect des minorités nationales. Sensible à cette question pour des raisons évidentes, je m’en étais fortement inquiété à l’époque. En tant que député, je suis allé à Bruxelles, auprès de la Commission, pour prouver et dire que ces pays ne respectaient pas cette clause fondamentale. On m’a souri au nez, figure-toi.

Et aujourd’hui, dans ces pays, la situation des Roms s’est encore aggravée. Pas améliorée, je dis bien « aggravée ». Et ils ont « vocation » à rester dans leurs pays ou à y revenir ? C’est donc, pour toi, une espèce humaine particulière qui pourrait, elle, supporter les brimades, les discriminations et les humiliations de toutes sortes ? Ces pays d’origine ne sont pas des dictatures, c’est certain. Mais ce ne sont pas des démocraties pleines et entières pour autant. Alors toi, l’Espagnol devenu français, tu ne comprends pas ? Fuir son pays, tu ne comprends pas ? Toi, tu ne comprends pas que personne n’a « vocation » à rester ou revenir dans son pays ? Sauf si tu es adepte de conceptions très spéciales, à savoir que ce qui vaudrait pour un Roumain ne vaudrait pas pour un Espagnol. Tu sais pourtant que le mot « race » va disparaître de nos lois. À juste titre car il n’y a pas de races, juste une espèce humaine. Et les Roms en sont.

La fermeté doit s’exercer là où se trouvent les responsabilités. Pas sur de pauvres individus qui n’en peuvent plus. Savoir accueillir et savoir faire respecter nos lois ne sont pas deux concepts antagoniques. Mais quand on est de gauche, on n’a pas la matraque en guise de cœur. C’est un Français d’origine manouche qui t’écrit et qui écrit au Français de fraîche date que tu es. C’est un fils de « brigadiste » qui se rappelle à toi. Souviens-t’en : « Celui qui n’a pas de mémoire n’a pas d’avenir. »

Pour l’heure, Manuel, j’ai la nausée. Tes propos me font gerber, même pire. Nos pères auraient donc fait tout ça pour rien ou pour « ça » ?

Ils sont morts pour la France, Manuel. Pour que vive la France. Inclus « ces étrangers, et nos frères pourtant ».

Jean-Claude Lefort

* : en 2009, dans une interview au Parisien - Aujourd’hui-en-France : http://www.leparisien.fr/politique/petition-contre-valls-17-06-2009-551219.php

Sur 1.Bitin.fr :

En vérité, Manuel Valls se prépare pour les prochaines élections présidentielles. Il sait que dans la situation actuelle de la France, le républicanisme de droite comme de gauche est en crise et que le populisme est souvent – mais pas toujours – la solution dans un tel cas. (...) Le sens des propos de Manuel Valls est clair et net et il s’agit bien –Mme Duflot a raison de l’affirmer– d’une rupture du pacte républicain. Ceci est particulièrement grave.

Roms - Le moment populiste de Manuel Valls par Jacky Dahomay

Sur Medialternative.fr :

Une circulaire ministérielle qui transforme en un droit ce qui est un délit pour la loi, sans abrogation préalable de celle-ci, et qui promulgue ainsi, de sa propre autorité, une nouvelle loi de fait, est davantage qu’un abus de pouvoir. C’est un délit politique, une atteinte directe à la démocratie telle qu’elle existe en France aujourd’hui.

Voilà les raisons de notre pétition. Démission du ministre ! Abrogation de sa circulaire !

http://www.medialternative.fr/fr/valls-demission-pour-l-abrogation,4059.html

Dans La Nuit rwandaise :

La Nuit rwandaise n°2 - 7 avril 2008
http://www.lanuitrwandaise.org/revue/-no2-o-2008-.html

Notes du député Jean-Claude Lefort membre de la Mission d’information parlementaire

« La mission d’information parlementaire est passée à côté d’une vérité qu’il lui fallait rechercher coûte que coûte » interview de Mehdi Ba.

http://www.izuba.info/boutique/revues/10-la-nuit-rwandaise-n2-9782844052304.html


Illustration : Manuel Valls au meeting de François Hollande à Toulouse (Jackolan1, licence Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported - Wikimedia)

Bruno Gouteux

 7/10/2013

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