RDC : L’agitation de Kobler cache des intentions sinistres pour la sous-région

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La déstabilisation du Rwanda à nouveau à l’ordre du jour ?
« Il ne se passe plus une seule nuit sans mort d’homme »

Pendant que la fièvre monte au Katanga suite à l’intervention de la Garde Républicaine dans une résidence du Général John Numbi, Kigali demeure dans le collimateur du parti de la guerre, qui espère toujours que les FDLR parviennent à déstabiliser le Rwanda.

Alors que la tension monte en République démocratique du Congo (RDC) – l’intervention, hier en fin de journée, de la Garde Républicaine dans la ferme du général John Numbi, près de Lubumbashi, au Katanga, en est le dernier rebondissement –, l’attitude de la Monusco ne cesse de susciter des questions aux Congolais quant à sa volonté de poser des actes concrets pour faire face à l’insécurité en voie de généralisation sur l’ensemble du pays.

Au lieu de s’attaquer aux responsables des violences et des atrocités, ou aux causes des conflits récurrents dans l’Est depuis vingt ans, le chef de la mission onusienne Martin Kobler cherche à comptabiliser à sa manière la « fausse-vraie » victoire de la Brigade onusienne et de l’Armée nationale (FARDC) contre le M23 qui, lui, s’était retiré de ses positions à sa demande pour donner une chance aux pourparlers de Kampala.

Le patron de la Mission onusienne ne rate aucune occasion de parler d’une rébellion « vaincue », qui en effet a cessé d’exister en tant que telle pour se muer en force politique après la signature des protocoles de paix le 12 décembre à Nairobi avec le gouvernement et sous le double témoignage de la CIRGL et de la SADEC, les deux instances régionales respectivement des Grands Lacs et d’Afrique Australe.

Muet sur les agissements des Ougandais de l’ADF-Nalu, des rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et des Mayi-Mayi indépendantistes Bakata Katanga, Martin Kobler, a fait état, au cours de son briefing de lundi 13 janvier devant le Conseil de sécurité de l’ONU à New-York, de la résurgence des activités du M23 dans des pays voisins de la RDC !

Les multiples communiqués laconiques de la Monusco demandant aux groupes armés de déposer bénévolement les armes n’auront pas empêché que la situation au Nord-Kivu s’empire.

La population des zones jadis sous contrôle de la rébellion du M23, celle de Kiwanja en tête de liste, regrette la tranquillité d’autrefois. « Il ne se passe plus une seule nuit sans mort d’homme », nous confie au téléphone un notable désemparé.

A Sake, à 27 km à l’ouest de Goma, les militaires réclamant leur solde toujours impayée ont tiré toute la nuit d’hier, façon pour eux de demander au commandement d’expédier l’agent payeur attendu en vain depuis octobre 2013. Dans les territoires de Nyragongo et de Rutshuru, la population en colère a organisé une marche de protestation contre une dizaine d’assassinats imputés aux FARDC.

Dans la localité de Pinga, à 80 kilomètres au nord-est de Walikale, quatre soldats de l’armée régulière ont été tués suite à une attaque des Ndouma Défense Forces du chef mayi mayi Tcheka. Le Grand Nord (Beni-Lubero) ne fait pas exception. Les ADF-Nalu y sèment la mort et les Casques bleus, souvent en vadrouille dans les collines verdoyantes, ne s’intéressent qu’aux jeunes filles nande et aux débits des boissons.

Les drones de surveillance font toujours la sieste dans le hangar de l‘Aéroport de Goma. Le seul qui se soit risqué à tenter un vol a vite piqué du nez pour cause, dit-on, des mauvaises instructions.

Dans la province de l’Equateur, des hommes armés non identifiés sèment la panique dans les villes de Gemena et de Gbadolite situées dans les districts du Nord et du Sud-Oubangui. Sont-ils mes militaires centrafricains de la Seleka, des soldats des FARDC venus les repousser, ou les deux ?

Au Katanga, les Bakata-Katanga se sont signalés à Lubumbashi dans une bataille particulièrement sanglante qui a engagé pendant deux jours, à partir du 6 janvier, l’armée régulière.

A Kolwezi, les indépendantistes ont hissé le drapeau katangais et quatre villages ont été incendiés dans la zone de Kizabi. Selon un prêtre catholique, l’insécurité est toujours grandissante dans les localités de Masaili, Selemena, Shipenka et Kapeta. Plus de 130.000 Congolais se sont réfugiés en Zambie et sont présentement pris en charge par le programme alimentaire mondiale (PAM).

Depuis quelques mois, la région de Pweto est en proie à ces troubles, dont un rapport de l’ONU accuse le général John Numbi, ancien patron de la Police nationale, soupçonné d’être l’inspirateur des sécessionnistes des Bataka Katanga.

L’initiative de la garde prétorienne du président Kabila dans l’une de ses résidences aura des conséquences dans le jeu des positionnements au sein du régime, même si les médias français se sont hâtés de l’attribuer aux responsabilités prétendues du général dans le meurtre du défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya.

Martin Kobler ne semble pas s’inquiéter pour tout ceci. En phase avec la stratégie de son chef, le Français Hervé Ladsous, qui est à la tête du Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU (DPKO), il s’est résolu à distraire l’opinion publique congolaise en agitant l’imaginaire résurgence du M23.

Si cela sert bien à solliciter la prolongation du mandat de la Monusco, mission très onéreuse (un milliard et demi de dollars environ par an !) et sans résultat pour la population locale, le vrai but de son agitation serait en réalité un autre.

Il y a quelques jours, le numéro 2 de la Monusco, le général Abdallah Wafi avait suscité pas mal de perplexité en déclarant que « les FDLR ne sont pas des organisations armées structurées comme le M23 ou les ADF-Nalu, mais plutôt des groupes de militaires qui vivent avec femmes et enfants dans des campements installés dans des zones souvent difficiles d’accès ». « Nous avons besoin d’avoir des renseignements précis sur les lieux où ils se trouvent »

De sa part, un chef coutumier de Walikale ne cache pas son pessimisme sur la démarche de la mission onusienne, qualifiée de louche :

« L’inquiétude provient des négociations tenues secrètes entre la Monusco et les FDLR, que Kobler n’arrive pas à bousculer à cause des services qu’elles ont rendus dans la campagne contre le M23. Ces pourparlers avancent et comportent bien un danger réel car Kobler cherche à tout prix la déstabilisation du Rwanda et le changement du régime en place. »

Ainsi, plusieurs sources concordantes venant de Kinshasa, du Kivu et de Kigali font état d’un projet de rassembler les FDLR, sans leur désarmement préalable, près de la frontière rwandaise en vue de les pousser de force à entrer vers leurs pays d’origine et à utiliser leurs familles comme bouclier humain pour contrer une intervention de l’armée rwandaise.

Un plan sinistre qui risque d’embraser la région, conçu par un conglomérat de forces, sorte de parti de la guerre dans lequel on retrouve les faucons de Kinshasa, certains pays de la SADEC et le département politique de la Monusco, le tout avec la bénédiction du DPKO, de la cellule africaine de l’Elysée et de la délégation française au Conseil de sécurité.

El Memeyi Murangwa,
avec Luigi Elongui (à Paris)
L’Agence d’information - 20/01/14

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