RDC : Manifestations contre le M23 et Kabila

Safari - 28/11/2012
Image:RDC : Manifestations contre le M23 et Kabila

Manifestations contre le M23 et... Kabila
11 sénateurs demandent l’ouverture de « négociations républicaines et intercongolaises » ?

Alors que le mouvement rebelle M23 est sur le point de quitter Goma, qu’ils occupaient depuis le 20 novembre, de nombreux Congolais, comme certain partis de l’opposition, ne voient pas d’un mauvais œil les revendications exprimées par le chef politique de cette rébellion, le pasteur Runiga.

Le gouvernement congolais aura même « temporairement » interdit les manifestations sur tout son territoire alors que plusieurs sénateurs en appellent à l’ouverture de « négociations républicaines et intercongolaises ».

A Bruxelles, la diaspora congolaise manifeste contre « la balkanisation de la RDC » et contre Kabila.

Selon Radio Okapi, une source du ministère de l’Intérieur aurait déclaré à l’AFP, samedi dernier que les manifestations contre la guerre dans l’Est de la RDC sont « temporairement » interdites sur toute l’entendue de la République Démocratique du Congo.

« En visite à Bunia en Province Orientale le samedi 24 novembre, le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, s’est dit consterné par le départ de certains humanitaires, agressés le mardi et le mercredi dernier lors des manifestations qui ont suivi l’occupation de Goma par les rebelles du M23. » 

Devant ces manifestants ayant pris d’assaut des installations de la Monusco et saccagé les résidences des certains humanitaires et agents de la mission onusienne, le ministre aurait donc interdit toutes les manifestations « contre la guerre au Nord Kivu ».

Le ministre a assuré [ce qui fera sourire toute personne connaissant l’état de la police et de la justice en RDC...] qu’une enquête sera « rapidement diligentée » : « nous devons savoir qui a fait quoi et pourquoi », aura conclu Richard Muyej.

La prise de Goma par les rebelles du M23 aura suscité de nombreuses manifestations à travers le pays.

Ainsi, à Kisangani, les manifestations du 20 novembre ont causé 3 morts et sept personnes ont été blessées par balles.

Mais si, dans un premier temps , le pouvoir de Kinshasa aura pensé que « galvaniser » les foules contre « l’envahisseur rwandais » pouvait se révéler une stratégie efficace, et par là appeler les citoyens congolais à exprimer, à travers de nombreuses manifestations, leur désapprobation de voir « la patrie balkanisée », le gouvernement vient d’interdire « temporairement », ce 24 novembre, les manifestations contre la guerre dans l’Est de la RDC sur toute l’entendue du pays.

Il faut dire que de nombreux manifestants n’exprimaient pas uniquement leur désapprobation à l’égard du M23, mais également à l’égard de l’exécutif congolais.

A Bukavu, au Sud-Kivu, des manifestants venus de toutes les trois communes de la ville s’étaient « donnés rendez-vous sur la place de l’indépendance pour protester contre le chef de l’Etat et le gouvernement pour ce qu’ils qualifient leur impuissance à protéger Goma. » Et au Kasaï-Oriental, Radio Okapi annonçait que « la société civile a organisé une tribune d’expression populaire, à Mbuji-Mayi, pour dénoncer ce qu’elle considère comme le manque d’intérêt au sommet de l’Etat pour la situation dans le Nord-Kivu ».

La diaspora congolaise n’était pas en reste, de nombreuses manifestations contre le M23 et contre le gouvernement se sont tenus ces derniers jours à travers l’Europe [1].

Près de 400 personnes se sont rassemblées samedi après-midi place du Trône à Bruxelles pour demander le départ de Joseph Kabila, le président de la RDC.

D’après l’Agence Belga, les manifestants le tiennent pour responsable de la récente invasion de Goma par le M23, soupçonné d’être soutenu par le Rwanda. Ce que Kigali a toujours démenti.

Des heurs ont eu lieu devant l’Ambassade des Etats-Unis avant que la police ne canalise les manifestants vers la Porte de Namur. Cette manifestation faisant craindre les mêmes débordements que l’an dernier à la même époque, des mesures de sécurité supplémentaires ont donc été prises. Des commerçants ont d’ailleurs annoncé qu’ils avaient été menacés.

La manifestation a été organisée par l’association Change in Congo.com. Et d’après son président, Joseph Salomon M’Beka, il n’y a pas eu de menaces vis-à-vis des commerçants mais bien une demande d’acte de solidarité. Un message a bien été passé demandant par solidarité que pendant la manifestation, les commerces du quartier très symbolique de Matonge, soient fermés.

A lire : Manifestation contre le Rwanda et anti-Kabila à Bruxelles.

L’opposition prend l’initiative

Alors qu’au cours d’une conférence de presse tenue ce mardi 27 novembre à Lubumbashi, le président des Patriotes Kabilistes, ancien ministre de l’Intérieur et de la Justice sous Laurent Désiré Kabila, Mwenze Kongolo, appelait le gouvernement congolais ainsi que toutes les forces vives du pays « à se mettre autour d’une table avec les rebelles du M23 pour négocier », l’opposition se saisi de la prise de Goma par la rébellion pour vilipender « l’incurie de la gestion gouvernementale ».

Les sénateurs Partisans de négociations républicaines

Onze sénateurs de l’opposition congolaise réunis au sein du groupe les Partisans de négociations républicaines [PNR] ont exigé ce lundi 26 novembre l’ouverture des « négociations républicaines et intercongolaises » en République démocratique du Congo.

Selon une dépêche de l’AFP, ces assises devraient se tenir sous l’égide de l’ONU, de l’Union africaine et de l’Union européenne et réunir autour d’une même table les représentants de la Majorité présidentielle, de l’opposition, de la société civile et de la diaspora congolaise, ont-ils souhaité pour mettre fin à la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC.

Selon Radio Okapi, « les onze sénateurs congolais ont suggéré que les négociations devraient être axées sur la réorganisation des forces armées, la réforme du système électoral, la concrétisation du fédéralisme et la réforme de la justice. »

Les onze sénateurs ont insisté sur le fait que la guerre dans l’est de la RDC est menée « contre tout un peuple par ailleurs lassé et désabusé par l’incurie de la gestion gouvernementale ».

Etienne Tshisekedi & l’UDPS

« L’UDPS ne peut pas s’en prendre à la conséquence ou mieux aux effets que sont le M23 et le Rwanda, mais plutôt à la cause qui est Joseph Kabila. Le problème de fond dont souffre le Congo est l’absence d’un leadership fort, compétent, visionnaire et à la hauteur des ambitions du Congo. » Bruno Mavungu — secrétaire Général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social [UDPS]

« La solution à la crise de l’Est passe par la vérité des urnes. » C’est-à-dire la restitution de l’impérium au gagnant de la présidentielle du 28 novembre 2011, déclare, l’UDPS, d’Etienne Tshisekedi, qui s’était proclamé vainqueur de l’élection présidentielle et en conteste toujours les résultats.

« L’UDPS accuse Joseph Kabila d’avoir marché sur l’Accord de Sun City par un passage en force vers des élections qu’elle a qualifiées de truquées, en refusant de réaliser tous les autres préalables dont la réforme de l’armée, de la police, ainsi que des services de renseignements. Tout comme la pacification de l’ensemble du pays principalement de l’Est par la neutralisation des forces négatives et autres groupes armés y opérant. Conséquence de la situation, conclut le parti cher à Etienne Tshisekedi wa Mulumba, à la place d’avoir une armée apolitique et républicaine au service de la nation, des civils revêtus des grades d’officiers supérieurs et des éléments étrangers ainsi que des désoeuvrés sans formation ont été incorporés dans nos forces armées, dans la police et dans les services de renseignements. » (Cameroon Voice)

Le M23

Si de nombreux congolais s’insurgent de la prise de Goma par le M23, craignant une balkanisation de la République Démocratique Congo, force est de constater que les revendications de ce mouvement, elles, séduisent un grand nombre de Congolais, au pays comme dans la diaspora.

Le Mouvement du 23 mars réclame d’ailleurs des négociations avec le gouvernement incluant l’opposition, la société civile et la diaspora congolaise, selon le chef politique de cette rébellion, le pasteur Runiga. Il prétend ne plus vouloir de « négociations en secret avec le président Kabila ».

Après la prise de Goma, le 20 novembre dernier, le M23 avait élargi ses revendications à des questions de démocratie et des droits de l’homme : la rébellion exige notamment l’arrestation du général John Numbi - accusé par certaines ONG d’être le principal responsable de l’assassinat du défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya -, la libération « sans condition » des prisonniers politiques, la dissolution de la Ceni – qui aura validé la dernière élection présidentielle, pourtant largement contestée - et la levée de la privation de mouvement à Etienne Tshisekedi, le principal opposant de Joseph Kabila.

« Que tous les Congolais se mettent autour d’une table dans un format réduit. Qu’on examine toutes les questions pour savoir la vérité. Qu’on examine ces questions de fond et qu’on dise ce qui se passe au pays », a proposé le pasteur Runiga.

Safari collabore au site d’information Medialternative et au collectif libertaire Ad Nauseam.

« Nous n’avons rien appris, nous ne savons rien, nous ne comprenons rien, nous ne vendons rien, nous n’aidons en rien, nous ne trahissons rien, et nous n’oublierons pas. »

 28/11/2012

[1voir une vidéo ici de la manifestation à Bruxelles du 24 novembre

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