VIDEO : Le rôle de la France dans le génocide des Tutsi

Bruno Gouteux - 11/09/2011
Image:VIDEO : Le rôle de la France dans le génocide des Tutsi

Une présentation de Jacques Morel & Raphaël Doridant
Une vidéo de Télé Liberté

La commission Afrique du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) a voulu faire le point le 4 juin 2011 sur l’implication de la France dans le génocide des Tutsi en invitant Raphaël Doridant de l’association Survie, coauteur de « La complicité de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda - 15 ans après, 15 questions pour comprendre » et Jacques Morel, auteur de « La France au coeur du génocide des Tutsi », qui a présenté son analyse du rôle de la France par la commission Mucyo en juillet 2007 à Kigali.

Les deux orateurs avaient convenu de débattre sur la nature de l’implication de la France.

Est-elle complice des auteurs du génocide comme le répète l’association Survie depuis fin 1994, ou, plus grave, est-elle un des commanditaires du crime ?

L’opposition entre les deux thèses ne se révèle pas très grande mais surtout dépendante des documents pris en considération, notamment les archives provenant d’un fonds Mitterrand. Les deux exposés sont plus complémentaires que contradictoires.


Doridant, en un exposé très clair et synthétique, décrit tous les aspects de cette complicité, militaires, politiques et diplomatiques. Allant plus avant, il cite certains documents de l’Elysée, notamment cette lettre du président intérimaire rwandais Sindikubwabo du 22 mai 1994, où celui-ci remercie Mitterrand de son aide « jusqu’à ce jour » et l’appelle à nouveau au secours. Doridant souligne que c’est ce Sindikubwabo qui a déclenché les massacres les plus atroces, ceux de la région de Butare. La réponse de Mitterrand sera l’opération Turquoise sous couvert de l’ONU.

Le but de la France était, selon Morel, de contrôler les anciennes colonies belges. Profitant des massacres qui révoltent certains milieux de l’ancienne puissance coloniale, la France en maintenant et développant sa coopération militaire devient la puissance tutélaire. Dès 1990, date de l’attaque du FPR formé de rescapés des pogroms des années 60 et d’opposants, les dirigeants français partagent l’objectif des auteurs du génocide qui est d’empêcher « les forces tutsies » de, selon eux, reprendre le pouvoir perdu en 1959 et de remettre les Hutu en esclavage, ou de les exterminer. Dès lors, la France est partie prenante d’un processus génocidaire, qui devient un plan de génocide après la débâcle de l’armée rwandaise en février 1993, qui est sauvée par l’intervention militaire secrète de la France. Paris envisage alors le remplacement d’Habyarimana et le recours à d’autres moyens.

La tentative de transformer la force militaire Noroît en Casques bleus, chargés de s’interposer devant le FPR ayant échoué, il restait les milices et l’auto-défense populaire qui, pour les stratèges parisiens, pouvaient suppléer aux carences de l’armée gouvernementale. Le coup d’Etat des 6-8 avril 1994 ne serait pas le résultat d’un complot ourdi par l’épouse du président et ses proches mais de militaires mis à la retraite avec le colonel Bagosora à leur tête et jouissant du soutien de la France.

Si les preuves concernant l’attentat du 6 avril manquent encore, le rôle de l’ambassadeur Marlaud ne laisse aucun doute sur la responsabilité de la France dans le coup d’Etat qui déclenche le génocide.

Il ferme les yeux sur l’assassinat des partisans des accords de paix dont le Premier ministre et s’entend aussitôt après avec le colonel Bagosora pour former un gouvernement civil qui va orchestrer les massacres. L’intervention Turquoise visera d’abord à sauver les assassins en déroute.

Valerie | Télé Liberté

Jacques Morel a publié, chez Izuba éditions/ L’Esprit Frappeur, La France au coeur du génocide des Tutsi, que vous pouvez lire dans son intégralité sur le site des éditions Izuba

Bruno Gouteux est journaliste et éditeur —Izuba éditions, Izuba information, La Nuit rwandaise, L’Agence d’Information (AI), Guerre Moderne, Globales…—, consultant —Inter-Culturel Ltd— et dirige une société de création de sites Internet et de contenus —Suwedi Ltd.

Il est engagé dans plusieurs projets associatifs en France et au Rwanda : Appui Rwanda, Distrilibre, Initiatives et Solutions interculturelles (ISI), le groupe Permaculture Rwanda, Mediarezo

 11/09/2011

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